Zouiène Ahmed est mort. La nouvelle a fait le tour de la ville, qui a tenu à lui rendre un dernier hommage en l'accompagnant, lundi, à sa dernière demeure. Zouiène n'avait que 19 ans en 1955 quand il rejoignit les rangs de la Révolution. Aussitôt, Mohamed Namous le remarque et le désigne chef d'une cellule de quatre moudjahidine: Slimane Tich Tich Hocine, Souane Mohammed, Bouderdara Sebti et Remouche Chaâbane. Conforté par la confiance placée en lui, il ne tardera pas à faire parler de lui au mois de mars 1956 en attaquant, à la grenade, une patrouille de la police militaire sur les hauteurs de Bab Qcentina. Il poursuivra son combat par un autre fait d'armes quand, le 24 avril 1956 vers 21 h, il accomplit avec son compagnon, Souane Mohamed, dit Hammoudi, une attaque à la grenade contre le Bar Marcel, donnant sur l'actuelle rue Didouche Mourad. «Il recevait les instructions des Moudjahidines qui, chaque semaine, tenaient des réunions à Dar Guibar dans la quartier El Quobbia», raconte Tich-Tich Hocine, un de ses compagnons. Cette cellule comptabilise d'autres actes de résistance avant d'être démontée et ses membres arrêtés au mois de Ramadhan de l'année 1956. Zouiène parviendra dans un premier temps à s'enfuir et à regagner le maquis. «On lui a ordonné de retourner à Skikda. Recherché, il a changé de domicile en allant habiter chez sa tante près de la rue du Ravin; finalement, trois jours après, il est arrêté», témoigne Souane Mohamed. Il est alors transféré vers le foyer de la police dans le quartier de l'Abattoir (Beni Malek) où il retrouvera ses compagnons dans un état physique des plus déplorable. Ce foyer est connu pour servir de lieux où on pratiquait la torture. Zouiène, Tich-Tich, Bouderdara et Souane y subiront les affres de la gégène avant d'être condamnés à mort par le tribunal militaire de Constantine. Ils ne sortiront de la prison de Lambèse qu'au mois de mai 1962. Zouiène fera à jamais partie de cette génération de Skikdis qui a tant donné à son pays et Skikda restera aussi l'un des plus grands bastions de la Révolution. On pourra tout lui prendre à Skikda, jamais on ne pourra la défaire de sa mémoire et de la bravoure de ses enfants. Repose en paix, Ammi Zouiène, les héros ne meurent jamais...