«Mon fils n'est pas un repris de justice et son décès n'est pas dû à une surdose de psychotropes comme il a été rapporté par le communiqué de la sûreté de wilaya de Mascara. Mon fils est décédé suite au mauvais traitement infligé par les policiers.» Telle est la déclaration faite, hier matin, par Abdelkader, père du jeune Sahnoune Ahmed, décédé le 9 octobre vers 18h, après son interpellation devant son domicile. Le père Abdelkader, un septuagénaire, s'est rendu, hier, à la Maison de la presse de Mascara dans le but évident de faire une mise au point concernant le passé de son fils et les circonstances dans lesquelles ce dernier a trouvé la mort. Devant les correspondants locaux de presse, il s'est engagé à justifier le passé propre de son fils par la présentation d'un casier judiciaire. La cellule de communication de la sûreté de wilaya de Mascara, par le biais d'un communiqué transmis aux journalistes locaux, par email, le 9 octobre à 23h45, a tenu à préciser que le dénommé «A. S., âgé de 33 ans» était «un repris de justice impliqué dans des affaires de détention et commercialisation de stupéfiants, coups et blessures volontaires, destruction de biens d'autrui et autres» Contactés par nos soins, des policiers spécialisés dans la lutte contre la criminalité à Mascara n'ont pas hésité à confirmer le rapport de leurs collègues en disant : «Le jeune Ahmed est notoirement connu par nos services pour ses activités liées à l'usage et le commerce de la drogue dont les psychotropes.» Les amis et les membres de la famille du défunt, quant à eux, rejettent en bloc ce qu'ils qualifient «d'allégation», en précisant que «la victime n'avait rien avoir avec la drogue. C'était un commerçant ambulant en lubrifiants qui gagnait sa vie à la sueur de son front». Un autre proche de la victime, en colère, dira : «Même si Ahmed était un trafiquant de drogue, les policiers auraient eu un comportement plus humain et évité d'utiliser la force qui a entraîné sa mort.» Parallèlement, des sources hospitalières nous ont déclaré que le rapport du médecin légiste de l'hôpital Meslem Tayeb «ne fait état d'aucune trace liée aux coups administrés par les policiers et que la mort de Sahnoune Ahmed est due à un étouffement après avoir ingurgité une grande quantité de comprimés de psychotropes». Le père de la victime, signalons-le, a tenu à indiquer qu'il avait «remarqué sur le cou de son fils des traces suspectes». Le wali de Mascara, Ouled Salah Zitouni, et le chef de la sûreté de wilaya, Akhrib Mohamed, lors de leur déplacement au domicile mortuaire pour présenter leurs condoléances aux parents du défunt, ont déclaré : «Des enquêtes contradictoires sont en cours afin de déterminer les causes et les circonstances du décès du jeune homme.» Et d'ajouter : «En cas de dépassements, les responsables seront traduits devant la justice.»