Pour sa sixième édition, Abu Dhabi film Festival (11-19 octobre) a choisi de rendre hommage au cinéma algérien. Un programme qui englobe, à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance, des œuvres classiques, comme les célèbres Chronique des années de braise, de Mohamed Lakhdar Hamina, et L'opium et le bâton, d'Ahmed Rachedi, mais aussi des films récents en première mondiale : Les parfums d'Alger, de Rachid Benhadj, et le très attendu, Harraga Blues, du très talentueux cinéaste, qu'on est heureux de retrouver, Moussa Haddad. Sans doute, le nom de Moussa Haddad ne dit pas grand-chose aux jeunes cinéphiles algériens, aujourd'hui. Simplement, parce Moussa Haddad, cinéaste élégant (même avec l'âge, il a gardé un visage d'adolescent), au style alerte, brillant, sensible à l'humour et aux mots d'esprit, a dominé notre sphère culturelle et cinéphile dans les années 1960-1970 avec des œuvres libres qu'on ne peut oublier. Il fut et demeurera le précurseur d'un cinéma vivant et nettement original avec notamment : Les enfants de Novembre, L'inspecteur Tahar, Les vacances de l'inspecteur Tahar, Hassen Terro au maquis, Le peuplier, Une cigarette pour Ali... Doté d'une solide culture artistique de meilleur goût, Moussa a toujours eu horreur du dogmatisme et de la bureaucratie culturelle. Beaucoup de tâcherons incultes ont fait carrière quand le cinéma algérien d'auteur a été mis entre parenthèses et d'autres cinéastes de grand talent ont vu les portes se fermer : Abdelaziz Tolbi, Mohamed Zinet, Farouk Beloufa, Brahim Tsaki... Il y a eu comme un désert cinématographique, qui a suivi les années d'euphorie, au milieu desquelles, malgré tout, Moussa Haddad a continué à voyager avec curiosité, disponibilité, légèreté, à une bonne distance des institutions. Il a fini par créer sa propre maison de production. Et puis un jour ou l'autre, la chance étant là : il a posé les rails du travelling et a démarré son nouveau film. Le retour de Moussa Haddad, c'est l'espoir que quelque chose bouge dans le cinéma algérien. C'est une nouvelle aventure qui commence pour lui. Au Festival d'Abu Dhabi, dans les prochains jours, on sera impatient de voir Harraga Blues que Moussa Haddad nous livrera, encore une fois, en toute liberté.