La réforme de la gouvernance du FMI, décidée en novembre 2010 pour refléter la réalité de l'économie mondiale, n'aura finalement pas lieu. Les changements qui devaient entrer en vigueur en octobre 2012 afin de mieux prendre en compte l'importance croissante des pays émergents et de préserver l'influence des petits pays en développement au sein de l'institution sont finalement reportés. Cette réforme, qui devrait faire notamment de la Chine le troisième pays le plus puissant du Fonds n'est finalement pas souhaitée par les Etats-Unis, principal actionnaire de l'institution de Bretton Woods. Le texte autorisant les réformes de l'institution, qui doit être approuvé par 113 pays représentant 85% des droits de vote, ne peut entrer cependant en vigueur sans l'apport des Etats-Unis, totalisant 16,7% des voix et la ratification de son Congrès. L'institution internationale, qui clôture aujourd'hui son assemblée annuelle tenue du 9 au 14 octobre dans la capitale japonaise Tokyo, maintient un statu quo sur cette question qui va pourtant de pair avec le triplement des ressources permanentes (quotes-parts) du Fonds à 767 milliards de dollars. Cette volte-face des Etats-Unis renvoie aux calendes grecques le nécessaire rééquilibrage de la représentation des pays émergents et en développement au sein de l'institution qui reste ainsi dominée par les Européens. En bloquant la réforme, les Etats-Unis font fi aussi de la nouvelle configuration de l'économie mondiale, de la crise en Europe et de la poussée des pays émergents tels que la Chine, l'Inde et le Brésil. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, n'a pu que constater le blocage entériné à Tokyo. «Nous voyons la ligne d'arrivée, elle est proche et j'exhorte à nouveau les Etats membres à la franchir», a-t-elle déclaré en marge de l'assemblée générale. Pour leur part, les pays du G24 (organisation qui regroupe 24 pays dont l'Algérie) ont estimé face à ce blocage de la réforme que le Fonds monétaire international risque sa «réputation» en tardant à rééquilibrer son mode de gouvernance au profit des pays émergents et en développement. La réforme est nécessaire pour «rendre crédibles» les mesures que le FMI prend actuellement assure le G24, qui estime également qu'un troisième siège doit être accordé à l'Afrique subsaharienne au sein du conseil d'administration du Fonds, qui en compte au total 24. Il est à rappeler que le 15 décembre 2010, le conseil des gouverneurs du FMI avait approuvé des réformes de gouvernance de grande envergure dans le cadre de la 14e révision générale des quotes-parts. Il s'agit d'un doublement des contributions qui devait entraîner un transfert de plus de 6 points de pourcentage des quotes-parts vers les pays émergents et en développement dynamiques, tout en protégeant les taux de vote des pays membres les plus pauvres. Il s'agissait aussi d'assurer une meilleure représentativité du conseil d'administration, dont les membres devraient être tous élus. Pour que l'amendement des statuts entre en vigueur, la réforme devait être acceptée par un cinquième des pays membres, représentant 85% du total des voix attribuées, et les membres détenant au minimum 70% du total des quotes-parts au 5 novembre 2010 devront consentir à l'augmentation de leurs parts.