Dans une de ses déclarations en début d'année scolaire, l'actuel ministre de l'enseignement et de la formation professionnels avait suggéré de supprimer la mention « orienté vers la vie active ou exclu » des bulletins des élèves du collège et du lycée. Nul doute qu'il pensait effacer l'anathème subi et par cette catégorie d'élève et par le seul secteur qui leur servira de refuge. A savoir les écoles de formation professionnelle et d'apprentissage. Ce souhait de valorisation a toujours animé les gestionnaires de ce secteur que l'on peut qualifier de stratégique. Nous avons, en mémoire, l'idée intelligente d'instituer un bac professionnel. Le projet a eu du plomb dans l'aile mais à voir le cap imprimé par le récent arrêté interministériel, nul doute qu'il sera un jour ou l'autre réhabilité. Cet arrêté interministériel n° 54 en date du 4 juin 2005 a vu sa première application. Une circulaire conjointe aux deux secteurs (éducation nationale et formation professionnelle) vient d'être adressée aux directions de wilaya. Elle officialise - en rendant opérationnelles les passerelles d'orientation - le passage des élèves de fin de cycle moyen (admis et non admis au lycée) vers le secteur de la formation professionnelle. La nouveauté réside dans le choix d'orientation offert aux élèves du collège en dehors de toute dépréciation. Une opportunité donc d'intégrer la formation professionnelle dans le cursus académique. Aux yeux des élèves et des parents - s'ils sont sensibilisés à temps - c'est l'angoisse des fins de parcours scolaires qui prend fin. A cet effet, une campagne de sensibilisation est mise en place depuis le début du mois de mars et ce jusqu'à fin avril. Les élèves concernés recevront l'information nécessaire sur les conditions d'admission et les modalités d'orientation vers l'après- collège. Les prérogatives d'admission sont confiées à une commission mixte de wilaya (DE et DFP). Ses décisions se basent sur les disponibilités du secteur receveur, les vœux de l'élève et surtout son profil (résultats scolaires). Les dossiers d'orientation sont étudiés au vu des résultats du deuxième trimestre. Ils sont ensuite remis aux établissements d'accueil (FP) où siègent des commissions d'orientation qui dispatchent les pré-inscriptions. La valorisation de ce secteur se lit aussi à travers une disposition de cet arrêté qui stipule que les élèves de 1re AS peuvent - s'ils ont des difficultés à suivre l'enseignement des lycées - être réorientés vers l'enseignement professionnel. La déperdition scolaire - ce fléau social qui gangrène notre pays - risque de disparaître dans les proportions qui sont les siennes actuellement : environ 50 000 exclus chaque année du système éducatif. Il risque mais il ne disparaîtra pas d'un coup de baguette magique. Il y a tellement à faire pour que le secteur de la formation professionnelle devienne réellement la rampe de lancement de ce qui fait la force d'un pays : former les bras et les têtes qu'il faut pour décoller économiquement. L'argent pour construire les infrastructures et former l'encadrement de qualité, la modernisation du secteur dans les filières, les contenus et les méthodes, la communication tous azimuts pour promouvoir ces efforts de réhabilitation : ce sont là quelques éléments-clés d'une vrai rupture avec la vieille image de la FP. N'oublions pas que le concept de la FP - les fameux CFPA - est né au lendemain de la seconde guerre mondiale dans le but de reconstruire les pays européens. Jusque là, la FP était perçue sous l'angle de la dévalorisation pour ne pas dire démonétisation. Erreur fatale ! Mensonge grossier que de belles réussites individuelles ont débusqué.