Les experts qui ont pris part, hier, au panel consacré par le FCE à la question de la diversification des financements pour booster la croissance économique ont mis en relief le nécessaire développement du marché financier, à travers notamment la redynamisation de la Bourse, du leasing et du capital-risque. Intervenant en ouverture de ce panel organisé dans le cadre des Journées de l'entreprise, Lies Kerrar, expert financier, dirigeant de Humilis Finance, un cabinet de conseil et d'ingénierie financière, a notamment insisté sur les moyens susceptibles de diriger l'épargne vers le financement des entreprises. Il a mis en relief le paradoxe qui caractérise la sphère économique algérienne avec d'un côté une épargne institutionnelle et publique importante et, de l'autre côté, des entreprises qui ont besoin de financement pour croître sans trouver d'alternative dans un paysage financier introverti. Il a estimé que les entreprises ne peuvent compter uniquement sur leurs ressources propres ou sur le crédit bancaire, mais ont besoin d'un accès à des sources financières multiples. «Nous avons besoin d'acteurs multiples pour enclencher une dynamique économique viable», a en substance déclaré M. Kerrar, qui a souligné que l'épisode de la banque Khalifa s'est répercuté par une trop forte protection de l'épargne qui est exclusivement dirigée, depuis lors, vers le Trésor public, contre toute logique économique. Ainsi, a-t-il fait remarquer, «l'épargne que constituent les avoirs de la Caisse nationale de retraites ou celle d'assurance chômage ne sert pas au financement de l'économie, comme c'est le cas dans d'autres pays à travers le monde». En guise de démonstration, il a rappelé qu'au niveau mondial, le développement de l'entreprise, et donc de l'économie, se fait à raison de 60% par le crédit bancaire et à 40% par le biais de la capitalisation boursière. «Une situation inexistante en Algérie où la Bourse d'Alger ne compte que trois titres et 180 millions de dollars de capitalisation», a fait remarquer M. Kerrar. Le constat de l'expert fait aussi ressortir les faibles transactions opérées par la Bourse d'Alger en 2011, à peine 2 milliards de dollars. L'expert a tenté de trouver les raisons de cette stagnation boursière dans le passé socialiste de l'économie, les fondements culturels ou encore l'insécurité vécue par le pays dans les années 1990. Il arrivera à la conclusion que de nombreux pays arabes et de l'Europe de l'Est, ayant connu un parcours similaire à celui de notre pays, ne connaissent pas pour autant la même inhibition en termes de développement du marché financier. Ainsi, l'essor de la capitalisation boursière grâce à une quarantaine de titres en Bourse a été obtenu sans peine en Palestine, malgré la situation d'insécurité chronique qu'elle endure, a fait remarquer M. Kerrar.