Le président sud-africain, Thabo Mbéki, a effectué, jeudi, une visite de quelques heures à Alger. Selon un communiqué de presse rendu public par la présidence de la République, la question du Sahara-Occidental a retenu l'essentiel du « tête-à-tête » Bouteflika-Mbéki. Le problème du Sahara-Occidental « a retenu l'attention des deux chefs d'Etat qui ont réitéré leur position de principe sur cette dernière question de décolonisation sur le continent africain », lit-on dans le communiqué, repris par l'agence de presse APS. Les observateurs auront déduit de la visite éclair de Thabo Mbéki, qui est à la tête d'un pays consacré Etat-pivot au sud du continent, la volonté des deux pays à renforcer leur coopération. Une coopération dont les jalons ont été jetés avant la chute du régime de l'apartheid (l'Algérie a soutenu l'ANC) et qui s'illustre aujourd'hui par une constance sans faille. Alger et Pretoria s'entendent pratiquement sur tous les grands dossiers africains. Un fait qui se vérifie à travers leur soutien « indéfectible à l'autodétermination des peuples ». Un soutien toujours assorti par l'affirmation par les deux pays de la nature non belliqueuse de leurs politiques respectives. Source d'inquiétudes en Europe de l'Ouest, pour le moins injustifiées, notamment depuis la dernière visite de Vladimir Poutine à Alger, l'Algérie ne pouvait espérer mieux que cette halte à Alger du président sud-africain. Pas de discours fleuve dans l'agenda, encore moins de déclarations empreintes, comme il est de coutume, d'obligations de réserve. Juste l'essentiel, suggérant stricto sensu le « partenariat économique et (surtout) politique ». Une seule lecture s'y dégage, qui est sans conteste celle consistant à rendre à l'Algérie son poids dans la région, et ce, de concert, voire avec le soutien assumé de l'allié sud-africain. Sortant d'une décennie noire qui l'avait réduite à un Etat infréquentable, l'Algérie a aujourd'hui tous les atouts en main pour rattraper le retard. Finie l'époque où une commande de simples cartouches de fusil de chasse finissait dans la corbeille à papier des centres de décision de certaines grandes capitales occidentales. Avec le récent contrat avec la Russie, portant sur le rééquipement de son armée, l'Algérie aura finalement conclu un marché « technique », remettant ainsi à niveau son matériel militaire, dont les 80% proviennent de l'ex-Union soviétique. Cette volonté, au demeurant légitime, de s'équiper en armes plutôt défensives suscite mystérieusement l'inquiétude des Européens. Si aucune capitale occidentale ne l'a pour l'instant signifié officiellement, les médias claironnent à tue-tête que « l'accord Moscou-Alger met en cause l'équilibre au Maghreb ». « La signature d'un important accord d'équipement militaire entre la Russie et l'Algérie remet en question l'équilibre stratégique au Maghreb », a écrit Le Monde la semaine dernière, en attribuant le propos à des « spécialistes de la région ». Qui sont ces « spécialistes » ? Le Monde, qui est pourtant connu pour son perfectionnisme, ne donnera aucune précision. La presse européenne se fait l'écho cependant de certaines « vérités » que d'ailleurs Alger n'a jamais niées. Il s'agit « manifestement » pour l'Algérie de revendiquer un leadership au Maghreb d'autant plus que les visées « expansionnistes » du royaume chérifien ne sont pas une vue de l'esprit. Et ceci d'autant plus que les problèmes internes du Maroc, générés en particulier par un islamisme rampant et une crise socioéconomique, pourraient déborder sur l'Algérie.