Depuis 2009, le public oranais a droit annuellement à un récital de flamenco, et à chaque fois, cet événement draine une foule ô combien nombreuse. Cette année encore, ne dérogeant pas à la règle, des centaines d'Oranais se sont rués vers l'emblématique salle Maghreb (ex-Régent), pour une soirée flamenco des plus enivrantes. La manifestation a eu lieu mardi dernier, et elle a été organisée pour la célébration des cinquante ans d'amitié diplomatique entre l'Algérie et l'Espagne. Organisé par l'institut Cervantès et en collaboration avec le consulat espagnol d'Oran, le concert a été orchestré par la prestigieuse fondation Casa Patas, qui œuvre pour la promotion du flamenco à travers le monde. Pour ce récital, Casa Patas a mis en scène des artistes de renom, avec à leur tête l'envoûtante Sara Niero, qui a tout bonnement subjugué la salle. Cette danseuse aux charmes très épicés était accompagnée par deux de ses paires, non moins talentueuses : Ana Lloris Otero et Marianna Maieru. Les trois ont enflammé la salle par des déhanchements sensuels et des chorégraphies survoltées. Les danses rythmaient le chant voluptueux de Patricia Prieto Muriel, qui était accompagnée par Fernando de la Rua à la guitare et Raul Rivas Navarro à la percussion, Intitulé «Devenires» (Les devenirs), le thème abordé de ce spectacle concernait l'évolution de la femme, de son enfance à la maturité, en mettant en relief trois époques : la première, plus ou moins calme et sereine, ensuite celle de la souffrance, et enfin, la troisième, la maturité, qui aboutit manquablement sur une sorte de happy end, de «fiesta». L'ambiance y allait en crescendo. Elle était chaude et douce puis devenait électrique et déchaînée, au fur et à mesure que les claquements des mains de la chanteuse qui prenaient un rythme de plus en plus accéléré. L'effervescence gagnait alors aussi bien le public que les artistes sur scène, les unissant dans une espèce de transe commune, que seul le flamenco peut susciter. On peut noter également les effets de lumière, par un effet d'optique, donnaient ainsi l'illusion que les costumes changeaient instantanément de couleurs, comme par magie. Le guitariste Fernando de la Rua, d'origine brésilienne, est la preuve que le flamenco est une musique universelle et n'est plus le seul monopole des Gitans. «Le flamenco est né d'une fusion entre la musique arabo-andalouse et la musique gitane. C'est une musique qui ne répond pas à une race spécifique», nous dit-il à la fin du spectacle.