En dépit des cris de détresse des malades et des promesses des pouvoirs publics de régler définitivement ce problème épineux, la prise en charge de ce dossier tarde à venir. Un conseil interministériel qui réunira, sous la présidence du Premier ministre Abdelmalek Sellal, les ministres de la Santé Abdelaziz Ziari, du Travail et de la Sécurité sociale Tayeb Louh et des Finances Karim Djoudi, est prévu pour demain. A l'ordre du jour de cette réunion, qui se tiendra probablement à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), la prise en charge du cancer en Algérie. Un problème qui a fait couler beaucoup d'encre ces dernières années. En dépit des cris de détresse des malades et des promesses des pouvoirs publics de régler définitivement ce problème épineux, la prise en charge de cette problématique tarde à venir. La réunion de demain sera, sans doute, une énième occasion pour l'évaluation qui aboutira à la même conclusion qu'il y a une année. Accélérer l'acquisition de centres anticancer prévus dans plusieurs wilayas du pays, dont certains sont prêts, les équipements pour la radiothérapie et les médicaments. Si la problématique des médicaments semble réglée dans certains établissements de la capitale, les villes de l'intérieur du pays vivent encore une situation cauchemardesque. La mauvaise gestion des établissements de santé, la distribution, le manque de prévision de la part de certains médecins traitants, le laxisme de l'administration sont autant d'arguments avancés, mais les solutions tardent à venir et les cancéreux n'accèdent toujours pas à leurs traitements et surtout à la radiothérapie. Pourtant, un conseil interministériel a également été convoqué l'année dernière et des mesures urgentes ont été prises, entre autres l'acquisition d'accélérateurs auprès du fournisseur américain Varian Medical Systems. Un workshop avait été organisé les 12 et 13 avril 2012 à l'INSP pour la formation d'une soixantaine de spécialistes, radiothérapeutes et physiciens médicaux, pour les préparer à l'acquisition et à la manipulation de 7 accélérateurs de radiothérapie de nouvelle génération, dont trois étaient destinés au centre de Batna, trois à Constantine et un autre devait être installé au CPMC. En attendant leur acquisition et leur mise en fonction, de nombreux malades prennent leur mal en patience. Le professeur Djemaâ, chef du service de radiothérapie au centre anticancer du CHU de Constantine, a déclaré la semaine dernière à la presse que la prise en charge des malades cancéreux au niveau du CHU Ben Badis se pose toujours avec la même acuité malgré les promesses de la tutelle d'y remédier. «Sur les 6000 malades qui se sont présentés en 2011 pour des séances de radiothérapie, 1500 seulement ont été pris en charge par notre service. Trois accélérateurs ont été pourtant réceptionnés par le CHU, mais non encore installés pour des considérations purement bureaucratiques», a-t-elle souligné. «Nous subissons des contraintes énormes en matière de consultation des malades, mais aussi en termes d'hospitalisation. Les travaux tant attendus d'extension du service de radiothérapie s'éternisent, alors que nous renvoyons chaque jour des dizaines de malades ‘mourir chez eux' faute de moyens adéquats pour leur prise en charge», a-t-elle ajouté. «Au Centre Pierre et Marie Curie, il ne faut plus compter avoir de rendez-vous avant huit mois. On se demande s'il y a réellement une prise en charge des malades. Ils sont nombreux et nombreuses à être opérés et à attendre le rendez-vous. Faute de radiothérapie, de nombreuses patientes subissent une ablation totale du sein pour éviter les récidives. D'ailleurs, les chirurgiens exigent un rendez-vous de radiothérapie préalable lorsque la patiente nécessite seulement une tumorectomie. Dans le cas contraire, c'est une mastectomie», a déclaré Hamida Kettab, présidente de l'association El Amel d'aide aux malades cancéreux. Et de souligner : «Les solutions tardent à venir et le nombre de malades augmente d'année en année, tout comme le nombre des décès qui est en hausse.» Elle lance un appel à la sécurité sociale afin de contribuer activement à trouver des solutions adéquates à ce problème. Pour rappel, sur les 28 000 cas de cancéreux, 8000 seulement ont accès à la radiothérapie après une longue attente à haut risque.