Des promesses ont été faites depuis une année, mais l'accès à la radiothérapie pour des centaines de cancéreux n'est toujours pas possible dans les délais indiqués. Les problèmes de soins de radiothérapie dans les différents centres de lutte contre le cancer demeurent les mêmes depuis les cris de détresse de l'association d'aide aux malades cancéreux, El Amel, en octobre 2011. Bientôt une année et la situation est de plus en plus compliquée. Le nombre de malades a bien sûr augmenté depuis, et l'infrastructure est toujours la même, avec des machines obsolètes pour ce qui est de certains services de radiothérapie. L'exemple de Constantine est effarant. Des promesses ont été faites depuis une année, mais l'accès à la radiothérapie pour des centaines de cancéreux n'est toujours pas possible dans les délais indiqués. Les rendez-vous au centre Pierre et Marie Curie sont fixés entre mai et juin 2013. Une réalité amère que vivent quotidiennement les malades algériens. «Les délais ne sont jamais respectés. Lorsque le rendez-vous est fixé pour une année après avoir subi une ablation du sein et avoir fait des séances de chimiothérapie, il n'est pas toujours sûr de survivre jusqu'à la date du rendez-vous. Les métastases ont tout le temps de s'installer et le mal de récidiver», nous confie une patiente rencontrée au CPMC. Actuellement, seuls les CPMC d'Alger, Constantine, Ouargla et Blida fonctionnent, mais à un rythme infernal. Les rendez-vous sont encore éloignés, soit une année après la consultation. Une aberration que nul ne doit accepter. Ils sont des centaines de malades à attendre l'accès à ces soins de plus en plus rares dans les centres dont certains pensent déjà à la fermeture. L'on assiste, ainsi, à un effet contraire à ce qu'annoncent les hautes autorités de la santé. Lors de la journée parlementaire organisée par la commission santé à l'APN sur la rupture de stock en médicaments en Algérie, la question a été soulevée et le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbes, a promis l'ouverture, avant la fin de l'année 2011, d'un nouveau centre à Batna et que l'année 2012 allait connaître une meilleure couverture de soins, avec les centres de Sétif et d'Annaba. Aucun d'entre eux n'est à ce jour fonctionnel. Pis encore, le service de radiothérapie de Constantine est dans un état catastrophique. La liste des malades de la région, à savoir Sétif, Batna, Constantine, Annaba s'allonge au fil du temps et leur transfert vers Alger et Blida sera l'unique solution. Le centre de référence qui est le CPMC et celui de Blida ne répondent plus à la demande qui est de plus en plus importante. Les professionnels de la santé, les spécialistes en radiothérapie en l'occurrence, avouent cette incapacité à prendre en charge tous les malades algériens. Il y a seulement 8000 malades qui bénéficient de cette thérapie. Les 28 000 autres attendent que la mort vienne les arracher à leur famille. Un drame national qui ne semble pas inquiéter les pouvoirs publics, qui ont effectivement mis les moyens pour acquérir de nouveaux équipements, mais sans pour autant assurer au préalable un accès équitable aux soins. Les machines sont usées et dépassées, ne cessent de répéter les radiothérapeutes. Pour le Pr Afiane, chef de service au CPMC, les rendez-vous sont toujours fixés à une moyenne d'un an. Il a même souligné dans une déclaration à El Watan que la pression demeure et va demeurer tant que le nombre de malades augmentera. Il a souligné que 300 à 350 malades arrivent chaque jour au niveau du service. Un flux difficilement gérable, selon lui. Il lui arrive même de bloquer les rendez-vous faute de places. Il signale qu'une machine ne peut traiter que 70 malades par jour, alors que son service arrive à faire 200 patients et même plus. Les équipes travaillent de 6h du matin à 22 h, a-t-il précisé. A noter que l'Etat s'apprête à acquérir 7 nouveaux accélérateurs de radiothérapie de nouvelle génération dont certains ont été déjà importés et attendent leur installation. Trois appareils sont destinés au centre anticancer de Batna, trois autres à celui de Constantine et un accélérateur au CPMC. Mais, acquisition ne signifie pas utilisation immédiate de ces machines, précisent les spécialistes. Des semaines, voire des mois, sont nécessaires pour mettre tout au point et commencer à faire fonctionner les machines. «Nous avons pris beaucoup de retard», confie-t-on.