Cette affaire de cocaïne prouve que l'Algérie devient de plus en plus une destination des drogues notamment depuis les événements qui secouent les pays du Sahel. Les services de la Gendarmerie nationale d'Alger ont réalisé une saisie de 160 kg de cocaïne pure. Cette drogue était dissimulée dans un conteneur transportant du lait en poudre, importé de Nouvelle-Zélande par l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL). Elle était en attente de livraison au port sec de Baraki, à Alger, après avoir subi toutes les formalités et contrôles douaniers. Depuis une semaine c'est le branle-bas de combat au port d'Alger. Dans l'un des conteneurs de lait en poudre déchargés au port d'Alger par un navire cargo battant pavillon étranger, 165 kg de cocaïne pure étaient dissimulés. Selon des sources sûres, ce sont les services de la Gendarmerie nationale qui ont découvert le pot aux roses suite à des informations fournies par des citoyens. Selon les premiers éléments de l'enquête, la marchandise, en l'occurrence le lait, est passée par le couloir vert qui permet aux opérateurs – dans ce cas, l'ONIL – de bénéficier de toutes les facilités en matière de procédures douanières et d'éviter toute attente au port. Celles-ci n'excluent nullement le contrôle physique et documentaire douanier, d'autant plus qu'il s'agit d'un produit alimentaire de large consommation. Nos sources affirment que les conteneurs ont été chargés en Nouvelle-Zélande il y a près d'un mois. Le navire s'est dirigé par la suite vers la côte latino-américaine où il est resté en rade durant une dizaine de jours durant lesquels, la cocaïne a été transbordée. De là, le bateau a pris la direction de la Méditerranée en traversant le détroit de Gibraltar. Nos interlocuteurs le soupçonnent d'avoir fait escale en Espagne avant de rejoindre le port d'Alger. Des détours qui auraient donné du fil à retordre aux services étrangers qui le pistaient et ne s'attendaient certainement pas à ce qu'il accoste à Alger. Pourquoi s'est-il arrêté en Espagne ? Est-ce pour charger ou décharger la drogue ? Ce qui est certain, c'est que la cocaïne était dissimulée dans des sachets identique à ceux contenant le lait en poudre. Ce qui est surprenant et extrêmement grave, c'est que les services des Douanes et de la police n'ont rien vu passer, laissant penser que les trafiquants auraient bénéficié d'une large complicité au niveau de l'enceinte portuaire et parmi tous les intervenants. Nos sources affirment que la descente des gendarmes a eu lieu alors que la marchandise avait fait l'objet de tous les contrôles et formalités nécessaires. Elle est passée par au moins deux scanners appartenant aux services de police et des Douanes. Les ports secs, plaque tournante du trafic de drogue Visiblement, nous sommes face à une organisation internationale de narcotrafiquants dont les ramifications et les complicités se trouvent dans de nombreux pays, y compris l'Algérie. La cocaïne saisie est de la pure poudre qui, une fois mélangée à des additifs, augmentera de dix fois son poids et de ce fait générera aux barons, selon nos sources, un bénéfice net de plus de 30 milliards de dinars (3000 milliards de centimes). De quoi «acheter» toutes les complicités possibles à tous les niveaux de responsabilité. En tout état de cause, cette affaire n'est qu'au stade de l'enquête préliminaire. Déjà de nombreuses personnes, dont des douaniers, policiers, agents manutentionnaires, cadres de l'ONIL, transporteurs, sont entendues par les services de la Gendarmerie nationale, lesquels travaillent en étroite collaboration avec Interpol. Etrange, cette affaire ressemble à celle qu'a connue le port d'Alger en mai 2009, lorsqu'une quantité de 5 tonnes de cannabis, sur le point d'être exportée vers Marseille (France) avait été saisie par la Gendarmerie nationale au port sec de Rouiba, à Alger. Son propriétaire un certain Ahmed Yousfi Saïd, dit Saïd l'émigré, natif de Ouezra (Médéa) qui était en fuite au Maroc. Evadé d'une prison française en 2002 et condamné par contumace à 15 années de réclusion criminelle pour banditisme, Ahmed Yousfi était rentré en Algérie pour devenir, en six ans seulement, un des barons de la drogue. La découverte des 5 tonnes de cannabis a été rendue possible grâce à la vigilance d'un manutentionnaire du port sec de Rouiba qui, au moment des manœuvres, s'est rendu compte que les conteneurs pesaient très lourd alors qu'ils étaient censés être vides. La drogue était dissimulée dans les parois des conteneurs et a échappé au contrôle des services des Douanes et de police. Force est de constater que ces dernières années, les quantités de drogues, notamment dures, connaissent une hausse inquiétante. L'Office national de lutte contre les drogues (ONLD) estime, dans une étude, que comparativement aux six premiers mois de 2011, durant le premier semestre de l'année en cours, le trafic de cocaïne a augmenté de 790%, celui de l'héroïne de 330% et que 80% des quantités de cocaïne et d'héroïne saisies étaient destinées à l'exportation, étant donné que l'Algérie reste un pays de transit et non pas de consommation de drogues dures. En tout état de cause, cette affaire de cocaïne prouve que l'Algérie devient de plus en plus une destination des drogues notamment depuis les événements qui secouent les pays du Sahel, connus pour être les routes habituelles des cargaisons de cocaïne latino-américaine, débarquées par bateaux entre autres dans les ports guinéens.