L'Union Locale Sud de l'UGTA a organisé, hier au niveau de l'INESSM d'Oran, une journée portant sur le thème de « Privatisation et relation de Travail ». Devant une nombreuse assistance, le conférencier, M. Boukerche, consultant, a tenu à présenter en prélude de son exposé une rétrospective sur les différentes étapes vécues par l'entreprise publique Algérienne. Depuis le début des années 80, précisera t-il, différents choix doctrinaux et économiques se sont imposés aux décideurs du pays pour accompagner les multiples et brutaux changements intervenus dans la sphère économique, tant sur le plan national qu'international. Le passage de l'entreprise socialiste vers l'entreprise économique, au début des années 80, la création des Entreprises Publiques Locales (EPL) en 1986, l'autonomie de l'entreprise publique en 1988, le désengagement financier de l'Etat avec la constitution de 1989 qui a clairement séparé les trois pouvoirs au début des années 90 avec les lois 90-11/90-02 et 90-14, la loi de la monnaie et du crédit et, en dernier lieu, le programme d'ajustement structurel PAS de 1994, traitement de choc qui a définitivement remis en question la prédominance du secteur public, ont été les principales haltes survolées par le conférencier. Il s'en suivra un exposé sur le mode opératoire du rachat des entreprises par les salariés (RES). La phase stratégique Les Entreprises publiques locales ont été les premières à avoir fait les frais de tels chamboulements. La privatisation les concerne en majeure partie. Pour cela, le conseil de participation de l'Etat (CPE) qui chapeaute l'opération dans sa phase stratégique, cible la privatisation des entreprises de moins de 50 travailleurs, versées dans un créneau porteur. Les sociétés de gestion et des participations SGP, organes mandatés pour cette opération, vont évaluer le passif et l'actif de l'entreprise, son patrimoine mobilier et immobilier, son portefeuille domanial et, enfin, fixer le montant de la cession avec abattement échelonné comme aide indirecte de l'Etat dans le cas où l'entreprise ciblée s'avère viable. Quand le dossier est ficelé, il est organisé une assemblée générale des travailleurs qui va consacrer l'engagement définitif des travailleurs en tant que nouveaux actionnaires. Les salariés auront le choix entre le départ, le statut de salarié ou actionnaire. L'apport des salariés dans la capitalisation est de 10%, les dettes passives doivent être épongées en moins de deux années et aucune autre cession ne peut avoir lieu dans les 5 premières années du nouveau statut de l'entreprise, qu'elle soit SARL avec gérant ou SPA avec conseil d'administration à sa tête. Il s'en est suivi un débat très terre à terre à travers lequel de nombreux travailleurs ont évoqué leurs soucis quotidiens comme celui qui dit « n'avoir pas reçu de salaire depuis tant de mois et de l'autre d'évoquer le volet social qui ne suit toujours pas dans le cas de la dissolution d'entreprises. » L'UGTA, qui organise un séminaire sur la privatisation, veut dire que l'option de la privatisation en est devenue inéluctable. Et les derniers chiffres avancés par M. Ahmed Ouyahia font état de 80 entreprises rachetées par les salariés.