Des épisodes de vie marqués par la faim, la peur, l'humiliation mais aussi par le courage et la patience sont retracés par les intervenants pour que nul n'oublie. Le village Imaghdacene a célébré, avec faste, le 58e anniversaire de la révolution. Pendant trois jours, le village a vécu au rythme d'une grande animation. Les diverses activités organisées pour l'occasion ont attiré une assistance nombreuse d'hommes et de femmes. Vendredi, la cour de l'école primaire nouvelle du village qui a abrité l'essentiel des activités commémoratives était bondée d'une foule bigarrée. Sous les airs des chants révolutionnaires diffusés à hautes décibels par la sono, on s'échangeait des salutations, on se bousculait devant les stands de l'exposition des portraits des martyrs et moudjahids et l'on se procurait les deux publications Aghmis oumaghdas et Imaghdacene et la révolution algérienne mis en vente, à cette occasion, par l'association organisatrice. Flashs des appareils photos et des portables, effusion d'embrassades d'anciens moudjahids qui se sont perdus de vue depuis plus d'une vingtaine d'années… une bonne ambiance de retrouvailles régnait sur les lieux. À 10 heures, c'est la chorale dirigée par Sofiane Hadjar, Kharoun El Bahi qui ouvre le bal des festivités de la journée. Très applaudie, cette chorale qui a chanté ses propres productions et des chansons de Farid Ali a fait pleurer plus d'un convive, gagnés par une émotion incontrôlable. Succédant à la prestation de la chorale, la conférence-débat animée principalement par une pléiade d'anciens mou- djahids est une sorte de glorification à l'endroit d'Akfadou considéré par tous comme un haut lieu de la révolution. D'ailleurs, dans son allocution, Rachid Adjaoud, officier de l'ALN et secrétaire du colonel Amirouche, plaidera en substance pour un statut spécifique pour cette région qui a souffert le martyr et qui a vu comme toute la wilaya III quelque 80% des effectifs complètement décimés notamment après l'opération Jumelles. Prenant la parole, Ikhlef Mustapha, le responsable de wilaya de l'ONM, déclarera que l'association 20 août qui a renouvelé ses instances récemment se penche sur un projet de stèle commémorative digne de ce nom pour la wilaya III. Lui succédant, Zeghouati Fodhil, ex-député et membre de l'association 20 août, évoquera ses souvenirs d'enfance à Imaghdacene. Il fera notamment le parallèle entre la faim et la valeur du pain à l'époque de la guerre et le gaspillage effréné de notre époque. Krimat Abdelkader, ancien maquisard, relatera quand à lui un épisode de la guerre auquel il a participé. Après l'exposé des conférenciers, des anciens moudjahids se trouvant parmi l'assistance voulaient dare-dare prendre la parole et fournir à leur tour leurs témoignages.Après le couscous offert à tous les convives, l'occasion a été donnée aux moudjahidine et à tous ceux qui ont vécu dans leur chair les longs jours de la révolution de livrer leurs témoignages. Grand moment d'émotion. Des épisodes de vie marqués par la faim, la peur, l'humiliation mais aussi par le courage et la patience sont retracés par les intervenants pour que nul n'oublie. Malgré le demi-siècle qui nous sépare de cette guerre qui ne cesse de faire parler d'elle, ses séquelles sont encore vivaces. «Chaque fois que j'entends parler de la guerre dans de pareils cérémonies, je ne peux pas m'empêcher de pleurer» nous déclare un vieux moudjahid dont les mains n'arrêtent pas de trembler. En tout cas, de l'avis des organisateurs, pari tenu pour cette commémoration. En sus de célébrer cette date phare de l'histoire du pays, le village a sorti de l'oubli et a rendu un vibrant hommage à ses 72 martyrs. «Nous allons travailler jusqu'à ce qu'une stèle soit érigée en l'honneur de nos martyrs et qu'un musée de moudjahid soit construit dans notre village». nous déclare Zerimane Ghilas, le président de l'association organisatrice qui ajoute que l'association se prépare d'ores et déjà pour la commémoration du 5 juillet et du 20 août, deux autres dates phares de la guerre d'indépendance.