Pour le MNLA, le Mujao, AQMI et les narcoterroristes se rendent service mutuellement et profitent de la manne financière générée par le trafic de drogue, en assurant la «sécurité» de la route pour les barons. Alors que la menace d'une intervention militaire étrangère au Nord-Mali est de plus en plus persistante, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) s'apprête à ouvrir un front contre les groupes terroristes du Mujao et d'AQMI, apprend-on de source locale. Celle-ci affirme que tous les moyens humains et matériels sont déployés pour déloger les terroristes. Brandissant depuis des mois la menace d'une intervention militaire, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) peine toujours à trouver la solution à même d'endiguer la crise qui secoue le Nord-Mali depuis le début de l'année en cours et aggravée par le coup d'Etat militaire du 22 mars dernier. Alors que le groupe islamiste Ançar Eddine annonce sa «déconnexion» des organisations terroristes, Mujao et AQMI, qui contrôlent Gao et Tombouctou, le MNLA se prépare, apprend-on de source sûre, «à lancer une grande offensive contre les groupes djihadistes qui ont pris les villes du Nord pour refuge». Nos interlocuteurs se déclarent «déterminés et prêts humainement et militairement à s'engager dans un tel combat». Les troupes du MNLA, ajoute-t-on, «ont eu suffisamment de temps pour se réorganiser et se redéployer afin de reprendre le terrain», précisant : «Les premières opérations auront lieu incessamment et toucheront simultanément de nombreuses cibles.» Contacté, le chargé de l'information et de la communication et membre du Conseil transitoire de l'Etat de l'Azawad (CTEA), Moussa Ag Assarid, affirme : «Nous nous sommes engagés pour libérer notre territoire, l'Azawad, des groupes narcoterroristes et nous ne savons pas encore quand aura lieu l'offensive militaire. Nous sommes en train de travailler pour mettre toutes les chances de notre côté pour gagner cette nouvelle guerre.» Interrogé sur la participation ou non du groupe Ançar Eddine à cette «guerre» d'autant qu'il a annoncé récemment sa «déconnexion» des groupes terroristes, comme l'avait exigé le MNLA, Moussa Ag Assarid répond : «A ma connaissance, nous n'avons jamais demandé le soutien d'Ançar Eddine ni dans notre lutte contre l'armée malienne ni contre le Mujao et AQMI. Le MNLA poursuit son agenda et observe le travail de la Cédéao en étant disponible aux négociations tout en étant engagé dans le cadre de la lutte contre le narcoterrorisme.» Pour le MNLA, faut-il le préciser, Ançar Eddine fait partie de ceux qu'il qualifie de narcoterroristes, étant donné que des passerelles avérées existent entre ce groupe islamiste, le Mujao, AQMI et les trafiquants de drogue. Ces trois organisations se rendent service mutuellement et profitent de la manne financière générée par le trafic de drogue, en assurant la «sécurité» de la route pour les barons. En réalité, chacun y trouve son compte au détriment d'une population qui se trouve ainsi sommée à l'exil, à la famine, aux maladies et aux pratiques barbares de ceux qui se sont érigés en nouveaux prophètes dans la région. Pour les plus avertis, toute intervention militaire étrangère ne peut qu'aggraver la situation déjà explosive. Le Nord-Mali deviendra inévitablement la nouvelle «Mecque» des djihadistes du monde entier. En clair, ça sera «l'afghanisation» de la région. Aujourd'hui, tout le monde est conscient d'un tel danger. Raison pour laquelle les pays voisins du Mali, comme le Niger, la Mauritanie, mais surtout l'Algérie, privilégient en priorité l'action politique négociée avec les principaux acteurs du conflit qui, une fois soutenus militairement et politiquement, seront les seuls capables de chasser les groupes terroristes de la région. Si pour l'instant, seul le MNLA semble s'engager dans cette lutte, pour Ançar Eddine, il est encore trop tôt pour croire à ses intentions de couper le cordon ombilical qui le relie au Mujao, à AQMI et à la criminalité transfrontalière. En son sein, trop d'éléments impliqués aussi bien dans les activités terroristes que celles du trafic de drogue, qui ne sont pas prêts à se ranger du côté de la légalité. En tout état de cause, le MNLA ne veut pas attendre le délai accordé par le Conseil de sécurité de l'ONU à la demande d'intervention armée introduite par Bamako et la Cédéao, parce que tout simplement dans cette action, très défendue par la France et à un degré moindre par les USA, est plutôt la «libération du Nord de l'occupation» et donc le rapide retour vers la situation d'avant-rébellion déclenchée en début d'année par le MNLA. Une situation engendrée, faut-il le rappeler, par le déni du droit de toute une population du Nord livrée à la pauvreté, au sous-développement et à l'exclusion. Ce sont les principaux maux et causes qu'il faut traiter avant d'aller vers une quelconque solution. C'est l'option que défendent le MNLA mais également de nombreux pays voisins au Mali. En attendant, les jours à venir s'annoncent chauds avec l'ouverture d'un nouveau front par le MNLA en s'attaquant aux refuges du Mujao et d'AQMI.