Escalade militaire, trêve, escalade.... c'est à ce rythme que vit la bande de Ghaza ces derniers mois. Dans une nouvelle flambée de violence, l'armée israélienne a tué, en moins de 24 heures, six Palestiniens et causé des blessures, dont certaines très graves, à plus de 40 autres. Le carnage s'est produit samedi en fin d'après-midi, lorsque l'artillerie, postée à la lisière de la bande de Ghaza près du terminal El Mentar, a bombardé une zone où se trouvait une tente de deuil, dans le quartier populeux de Chedjaiya, à l'est de la ville de Ghaza. Comme de coutume à Ghaza, la famille qui perd un des siens, monte une tente dans laquelle elle reçoit les gens qui veulent exprimer leur compassion et partager sa douleur en cette circonstance. Cette fois, c'était la famille Harara, habitant non loin du terminal El Mentar, qui avait perdu un des siens vivant à l'étranger. Quatre citoyens, dont deux enfants de la famille Harara, ont été tués et plus d'une trentaine ont été blessés par des éclats d'au moins trois obus qui ont explosé juste à côté.Bachir Harara, médecin de 57 ans, présent lors des explosions, a déclaré au journal El Watan : «Il y avait un accrochage armé entre des résistants et des soldats israéliens. Un char a tiré un premier obus à 50 mètres de la tente de deuil. Nos jeunes ont accouru pour voir s'il y avait des blessés. Lorsqu'ils se sont approchés et après qu'il y ait eu un attroupement, deux autres obus ont été tirés. La suite vous la connaissez, nous avons perdu deux de nos enfants, en plus deux voisins et les blessés se comptent par dizaines. C'était une scène de véritable chaos. Le sang était partout. Des corps étaient déchiquetés et une grande panique s'est emparée de tous ceux qui étaient dans le secteur. Ce sont les citoyens qui ont commencé à évacuer vers l'hôpital Al Shifa tous ceux qui ont été touchés dans cette agression. Vu la force des explosions, seule la bonté divine a limité le nombre de victimes qui aurait pu être beaucoup plus important.» Cette frappe meurtrière israélienne a été suivie d'une série de raids aériens dans le nord, le centre et le sud de la bande de Ghaza, qui se sont poursuivis jusqu'à hier. Deux combattants du Djihad islamique sont tombés au cours de ces raids ; l'un dans le nord de la bande de Ghaza, l'autre au nord-ouest de la ville de Ghaza, près du quartier El Karama. Auparavant, une jeep militaire israélienne avait été touchée de plein fouet par une roquette antichar tirée par des résistants palestiniens alors qu'elle circulait à la lisière de la bande de Ghaza, en face du quartier Chedjaiya. Les brigades Abou Ali Moustapha, la branche armée du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), ont revendiqué l'attaque. Selon des sources israéliennes, quatre soldats ont été blessés et l'un d'eux se trouve dans un état de mort clinique. Depuis le crime commis à Chedjaiya, les différentes factions palestiniennes armées, dont le Hamas qui contrôle la bande de Ghaza, ont riposté par des tirs de dizaines de roquettes et de missiles contre le sud de l'Etat hébreu. Selon le journal israélien Yedioth Ahronoth, les tirs palestiniens d'hier ont causé des blessures à quatre Israéliens de Sderot, localité israélienne la plus proche de la bande de Ghaza et trois autres à Ashdod, une ville du littoral, lointaine de 42 km de la ville de Ghaza. Les écoles ont été fermées à Sderot et Ashkol, une autre localité du sud d'Israël. Du côté palestinien, le gouvernement Hamas a fait évacuer tous les bâtiments publics et les sièges sécuritaires. Cinq écoles dans le quartier Chedjaiya ont fermé leurs portes, hier, par crainte de bombardements israéliens. Lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, hier dans la matinée, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a indiqué que son pays était prêt à l'escalade : «Le monde doit comprendre qu'Israël ne restera pas sans rien faire face aux tentatives de nous attaquer, nous sommes prêts à l'escalade en intensifiant nos actions.» Le ministre israélien de la Guerre, Ehud Barak, a déclaré : «Israël réagira et avec fermeté.» Et comme ce genre d'escalade est utilisée par les responsables israéliens pour soigner leur image de marque auprès des Israéliens surtout à l'approche des élections, comme c'est le cas actuellement puisque les législatives israéliennes anticipées sont prévues pour le mois de janvier, ils en profitent pour montrer et exprimer leur haine à l'égard des Palestiniens. Shaoul Mofaz, qui est à la tête de l'opposition et dirige le parti israélien Kadima, réclame l'élimination physique des responsables du Hamas à qui Israël fait porter la responsabilité de toute la dégradation sécuritaire. Quant à la droite israélienne, elle appelle au renforcement du blocus de la bande de Ghaza en coupant toutes ses ressources.