Au lendemain du bombardement, dans la nuit de lundi à mardi, d'un camp d'entraînement du Hamas, près du quartier El Chedjaaiya, à l'est de Ghaza, où 15 militants de ce mouvement furent tués, Israël a entamé une nouvelle opération militaire d'envergure contre le nord de la bande de Ghaza. Les forces israéliennes ont élargi leur zone d'action pour arriver aux portes du camp de réfugiés de Jabalia, le plus surpeuplé, où près de 100 000 personnes vivent dans des conditions précaires. C'est de cette zone, qui englobe Beït Hanoune, Beït Lahia, Telzaatar, le village Bedouin, les cités Ennada et Elaouda, que sont régulièrement lancées les roquettes artisanales de type Qassam vers le territoire israélien en particulier vers la ville de Sderot distante de 2 km de la ligne verte, frontière entre les territoires palestiniens et Israël. Dans cette nouvelle agression, l'armée israélienne, qui déclare vouloir mettre un terme au tir de ces roquettes, utilise une incroyable armada faite de chars de type Merkava, de bulldozers géants ainsi que d'hélicoptères d'assaut de type Apache. Jeudi, pas moins de 6 Palestiniens ont été tués, dont un enfant de 9 ans. Plus de 45 autres ont été blessés. Quatre des tués sont des civils. Les deux autres sont un policier et un militant du Hamas. Tous les morts ont été atteints par des balles de gros calibre tirées sans discernement par les hélicoptères qui n'arrêtent pas de sillonner le ciel de la région et de toute la bande de Ghaza, ou par les puissants chars Merkava qui ont pris position en des endroits stratégiques. Les résistants palestiniens ne sont pas restés les bras croisés. Avec leurs modestes moyens, ils essayent d'infliger des pertes aux agresseurs. Deux des chars israéliens ont été endommagés. Le premier atteint par une roquette antichar de type B7. Le deuxième à son passage près d'une charge explosive estimée à 30 kg, actionnée à distance. Les Israéliens ont reconnu la blessure de 5 soldats. Hier, deux autres personnes ont été tuées aux abords du camp de Jabalia. L'un d'eux est un militant des Brigades Ezzeddine Al Qassam la branche armée du Hamas, déchiqueté par un obus de char. Depuis leur occupation de la région, les forces israéliennes ont démoli, outre la direction de l'éducation et de la scolarité de la région nord de la bande de Ghaza et un centre de formation professionnelle, à l'est de la ville de Beït Lahia, plusieurs maisons et des ateliers de réparation mécanique. Des terres agricoles ont été dévastées au bulldozer. En dépit de toutes ces mesures drastiques, les roquettes Qassam n'ont pas cessé de tomber en territoire israélien. Elles ont été tirées à partir de la zone où se déroulent les opérations militaires israéliennes. Durant cette fin de semaine sanglante, deux autres Palestiniens ont été tués par les soldats israéliens en Cisjordanie occupée. Le premier est tombé au cours d'un accrochage armé avec les soldats israéliens dans la ville d'Ariha. Le deuxième, un jeune homme de 17 ans, a été sauvagement écrasé par une jeep militaire israélienne dans le camp de réfugiés d'Al Amaari près de Ramallah. Il revenait des funérailles de l'homme tombé à Ariha, originaire du même camp. La bande de Ghaza, découpée en quatre zones par les soldats israéliens, est sous blocus total depuis 5 jours d'affilée. Ce blocus va concerner tous les territoires palestiniens durant les fêtes juives. Cette situation risque donc de se prolonger jusqu'au début du mois d'octobre avec tous les préjudices qu'elle va porter à des centaines de milliers de citoyens palestiniens qu'Israël veut faire vivre dans une grande prison, nommée les territoires palestiniens. Toutes ces atrocités infligées aux Palestiniens semblent insuffisantes aux yeux de l'extrême droite israélienne représentée surtout par les colons juifs qui désirent ni plus ni moins que de les voir chassés de cette terre. Une pétition a été publiée hier appelant soldats et policiers israéliens à ne pas appliquer le plan de désengagement de Sharon de la bande de Ghaza, qui prévoit l'évacuation de toutes les colonies d'ici à la fin de l'an 2005. Dans cette pétition, l'extrême droite demande aux policiers et aux soldats israéliens de refuser d'évacuer les 8000 colons qui y vivent, entourés de près de 1,3 million de Palestiniens. Certains dirigeants des colons ont même menacé de déclencher une guerre civile. Affaire à suivre.