La situation reste très calme dans les régions proches de la frontière avec le Niger, après les combats ayant opposé le Mujao aux rebelles touareg. Ces derniers démentent toute perte humaine dans leurs rangs et affirment avoir tué 55 terroristes et blessé une centaine d'autres, au moment où l'Algérie réclame une lutte implacable contre les terroristes dans la région. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a indiqué hier à Alger qu'«il n'est jamais trop tard» pour saisir les opportunités qu'offrent les moyens pacifiques dans le règlement de la crise au Mali. «Il n'est jamais trop tard pour saisir toutes les opportunités qu'offrent les moyens pacifiques pour restaurer la paix, la sécurité et l'intégrité territoriale du Mali», a déclaré M. Medelci, dans une allocution prononcée à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire de l'adhésion de l'Algérie à l'ONU. Il a ajouté qu'une lutte «implacable» doit être menée contre les groupes terroristes d'AQMI et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Cette lutte doit aller de pair, a-t-il dit, avec la relance des projets de développement dans le Nord-Mali. «Les corps de 17 terroristes du Mujao sont encore en notre possession à Ménaka, pour ceux qui veulent les voir. Ce ne sont là que ceux que nous avons pu récupérer non loin de la région», nous a déclaré hier un chef militaire du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) dans la région d'Ansongo, non loin de la frontière avec le Niger. Contacté par téléphone, ce dernier s'est offusqué des informations faisant état de lourdes pertes dans les rangs du MNLA en déclarant : «L'embuscade tendue contre les terroristes a eu lieu en plein désert et nous savons qu'il ont subi de lourdes pertes. Dans leur retraite, ils ont pris avec eux de nombreux corps. De notre côté, six de nos combattants ont été blessés.» Celle-ci s'est interrogée sur «les raisons qui poussent certains à soutenir ou à encourager les terroristes du Mujao». Des propos qui rejoignent ceux de Moussa Ag Assarid, chargé de la communication du Conseil transitoire de l'Etat de l'Azawad (Cetea), qui, dans un communiqué rendu public hier, réaffirme «la victoire remportée par les hommes du MNLA contre ceux du Mujao à Tagarangaboïte» et dément toute perte dans les rangs du MNLA. Il déplore néanmoins les blessures de neuf combattants lors de l'offensive menée contre le Mujao. «Nos troupes ne se sont pas enfuies. Ce sont, au contraire, les narcoterroristes du Mujao qui ont pris la fuite avec leurs blessés», affirme Moussa Ag Assarid, qui fait état de «55 morts et plus d'une centaine de blessés dans les rangs des terroristes». Le responsable accuse «les sources sécuritaires maliennes» de faire dans «la désinformation» et appelle les journalistes à «une plus grande vigilance». Le communiqué est tombé alors que les négociations entre le MNLA et Ançar Eddine, sous la conduite du médiateur de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le président burkinabé Blaise Compaoré, se poursuivaient à Ouagadougou dans l'objectif de s'entendre sur une plateforme commune pour ouvrir le dialogue avec Bamako et résoudre ainsi la crise. Nouvelles dispositions du gouvernement malien ? A Ouagadougou, à l'issue de son entretien avec le médiateur de la Cédéao, le ministre malien, cheikh Modibo Diarra, qualifiait hier Ançar Eddine et le MNLA de «compatriotes» avec lesquels, disait-il, «le dialogue est inévitable». Après avoir tout fait pour éviter le dialogue, le chef du gouvernement malien semble ainsi désormais revenu à de meilleurs sentiments. Sa déclaration intervient deux jours après avoir été rappelé à l'ordre par la France et l'Union africaine qui lui ont intimé l'ordre d'intensifier le dialoguer avec les Touareg. Sur un autre plan, les négociations qui ont lieu actuellement à Ouagadougou ont pour objectif, entre autres, de ramener les deux «frères rivaux» à laisser de côté leurs lourdes divergences et discuter en rangs serrés de la sortie de crise avec Bamako.