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«Des Marocains et des personnes rejetées par le Polisario ont participé aux combats aux côtés du Mujao et d'Aqmi» Hama Ag Sid' Ahmed, porte-parole du Conseil transitoire de l'Etat de l'Azawad au Temps d'Algérie :
Hama Ag Sid' Ahmed, porte-parole du Conseil transitoire de l'Etat de l'Azawad (CTEA) s'exprime dans cet entretien accordé au Temps d'Algérie sur les affrontements ayant opposé, il y a quelques jours à Ménaka (nord du Mali), les combattants du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) aux terroristes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) appuyés par Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi). Il fait le tour de la situation actuelle et révèle que des instructeurs et stratèges pakistanais, des Marocains, des Tunisiens et des personnes rejetées par le Sahara occidental ont, selon lui, participé aux combats aux côtés du Mujao et d'Aqmi. Le Temps d'Algérie : Pouvez-vous nous informer sur les derniers développements des récents affrontements entre les combattants du MNLA et les terroristes du Mujao ? Hama Ag Sid' Ahmed : Tout d'abord, le MNLA avait constaté un remue-ménage au sein de l'organisation terroriste dans la région de Gao. Ces groupes terroristes avaient l'attention d'organiser des opérations contre les Touareg pour les empêcher de venir vers eux. Un projet est mis en place par les principaux responsables du Mujao présents à Gao. Ces derniers avaient même envoyé un groupe d'éclaireurs le 11 novembre dans les environs de Ménaka. Ils ont été très vite cernés par une patrouille du MNLA à 40 km de la ville de Ménaka le 12 novembre. Il y a eu échanges de tirs : un terroriste a été abattu et 10 faits prisonniers et leurs moyens de transport et armes confisqués par le MNLA. Ils ont été interrogés par des responsables du renseignement du MNLA. Il s'est avéré qu'il s'agissait de recrues locales du Mujao. Certains sont connus, dont des personnes qui ont touché suffisamment d'argent pour rendre «service» aux terroristes. Alors le MNLA a fini par les relâcher et leur demander de rentrer dans leurs familles, et que s'ils venaient grossir les rangs des terroristes, ils n'auraient aucune chance de s'en sortir une autre fois. Alors, les troupes du MNLA se positionnent et vont à l'encontre des groupes terroristes qui se sont massés dans les environs d'Ansongo (une position à 30 km et une autre à 50). Dans la matinée, les troupes mobiles du MNLA ouvrent le feu sur les deux positions des groupes terroristes présents dans la zone. Le MNLA ouvre des feux croisés. Les groupes terroristes avaient envoyé au début au feu les nouvelles recrues. Les vrais terroristes sont restés à l'arrière. C'est seulement à la mi-journée du 16 novembre, lorsqu'il a été constaté par les terroristes que leurs recrues tombaient et que les ambulances terroristes ont pris très vite le relais pour évacuer quelques dizaines de morts et près de 60 et 70 blessés, que certains responsables terroristes se sont mis en avant et ont engagé les hostilités. Il s'agit de ceux qui sont venus créer le Mujao et lui porter main- forte, des Pakistanais (instructeurs et stratèges), des Tunisiens et des Marocains, y compris ceux qui avaient été rejetés par les responsables du Sahara occidental. Quelques combattants et des armes lourdes appartenant au groupe de Ben Moctar sont entrés dans les combats contre les Touareg vers fin de la journée du 16 novembre. Il existe une coalition des terroristes venus d'un peu partout contre les Touaregs. Il faut dire par ailleurs que le chef d'état-major du MNLA, Machkanani Ag Balla, a foncé tout droit avec son groupe pour entrer dans le camp des terroristes. Et les autres brigades du MNLA ont également suivi. Les combats étaient très violents. Une couverture de feu immense venait des les deux camps. Le MNLA, au début de la journée du 17 novembre, avait fait le compte de ses pertes. Effectivement, il y avait 3 blessés graves et 6 légers et aucun mort n'a été déploré dans les rangs des combattants touaregs lors ces combats. On apprend aussi que l'AQMI aurait dépêché des renforts pour prêter main-forte au Mujao. Pourtant, le Mujao est présenté comme étant une «dissidence» d'Aqmi. Est-ce un partage des rôles entre les deux organisations terroristes? Les terroristes ne s'attendaient pas d'abord à cette offensive du MNLA. Lors des premiers combats, ils ont été affaiblis très vite par les brigades mobiles du MNLA qui voulaient en découdre. Alors, ils évacuent leurs familles de Gao vers d'autres endroits plus sécurisés. Des renforts terroristes commencent à venir de certaines bases récemment créées par ces groupes terroristes pour faire face à une intervention internationale, entre autres de Tangara, de Bourem, à Infalfalène et d'Assarbo etc. D'autres renforts ont commencé à arriver à Tombouctou le 17 novembre. Il s'agit surtout des miliciens de Tombouctou affiliés à l'Aqmi, mais les vrais responsables d'Aqmi ne se sont pas engagés à visage découvert, excepté Ben Moctar qui avait engagé une partie de sa troupe dans les combats du 16 novembre dans l'après-midi. Le 18 novembre, les groupes terroristes tentent de prendre position près des troupes MNLA engagées dans la périphérie d'Ansongo. Le MNLA a réorganisé aussi ses forces et mis en veille ses réserves ainsi que ses bases fixes pour faire face à toute éventualité. Il ne s'agit pas d'une guerre d'un jour. On se situe dans la durée. Il s'agit de la lutte contre la nébuleuse terroriste et les trafiquants de drogue. Il faut vraiment aimer son territoire pour oser livrer bataille à ces groupes de la peur et de la drogue.
Le MNLA s'est-il bien préparé militairement pour combattre Aqmi et le Mujao? En réalité, dans une guerre, on n'est jamais prêt. Mais, quand il faut y aller, il faut y aller, puisque personne ne le fera à votre place. Le MNLA avait mesuré les forces qui l'attendaient. Il y avait ces débats et engagements depuis feu Ibrahim Ag Bahanga d'aller à l'encontre de ces groupes terroristes et de leur disputer ce territoire qu'ils occupent. Un territoire qui ne leur appartient pas, mais qu'ils ont pris aux citoyens de l'Azawad avec la bénédiction de Bamako et des trafiquants de drogue pour remettre en cause toute revendication politique de cette communauté. C'est cette politique de Bamako de plusieurs années qui se retourne contre ceux qui l'ont créée. Le MNLA envisageait cette lutte contre ces groupes depuis sa création en novembre 2011. Mais avant, il fallait récupérer cet espace. Les responsables militaires du MNLA avaient tourné dans les tous les sens cette question et mobilisé les moyens qu'il faut pour aller les affronter. Le MNLA ne dispose d'aucun soutien extérieur, ni financier, ni logistique. Ses propres moyens, c'est-à-dire la cotisation de ses militants trop pauvres d'ailleurs pour acheter quelques fûts de carburant et un peu d'alimentation pour les combattants. Heureusement que les Touareg savent économiser leur souffle pour résister à cet environnement hostile. C'est là qu'il y a une opportunité pour la communauté internationale, les Occidentaux (en particulier les Français et les Américains), les Algériens et d'autres pays de la région qui doivent manifester leur volonté et leur solidarité avec le MNLA à travers une aide concrète sur le terrain et à toute autre organisation de la zone qui s'engage dans cette lutte contre le terrorisme. Et ce n'est pas demain qu'il faut le faire. Parlez-nous du déroulement des négociations avec les autorités maliennes à Ouagadougou ? Il n'y a pas de négociations à Ouagadougou, en tout cas pas encore. Mais le représentant de la Cédeao, le président burkinabé, souhaite que des négociations soient engagées très vite avec Bamako et les deux parties doivent s'y préparer. Avez-vous rencontré la délégation d'Ançar Eddine à Ouagadougou? Bien entendu, il y a des responsables du MNLA qui ont rencontré ceux d'Ançar Addine présents à Ouagadougou. Mais il ne s'agit pas pour les deux organisations de parler depuis Ouagadougou de l'entente et des difficultés. Il s'agit des rencontres qu'il faut tenir et faire sur le terrain comme il a été convenu entre les parties. Je pense qu'il est temps pour le groupe d'Ançar Addine de Kidal d'aller très vite dans cette unité et de se démarquer de tout ce qui pourrait empêcher cette unité. Dans le cas contraire, les parties pourraient jouer le jeu de ceux qui veulent détruire l'existence de cette communauté. Les deux commissions devraient se réunir très prochainement sur le terrain. Elles mettront à nu les difficultés qui empêchent de parvenir à cette unité, puisqu'il faut avancer très rapidement sur une plate forme commune de revendications politiques pour permettre aux négociations de prendre corps et surtout permettre à la communauté internationale de prendre une position politique concrète.