Les Nations unies déploient près d'une vingtaine d'agences et de programmes d'aide, d'assistance et de coopération en Algérie en direction des différents segments de la société, mais aussi du gouvernement. Or, peu de gens, à l'exception des initiés, savent que l'ONU ne se réduit pas à la personne de son patron, Ban Ki-moon, ou encore aux votes des résolutions autorisant l'utilisation de la force dans le monde, comme ce fut le cas, il y a quelques jours, au sujet du Mali. C'est que, conscients de ce gap qui sépare le système des Nations unies de l'Algérien lambda, ses représentants en Algérie ont invité la presse pour jouer le liant avec la société algérienne. Le coordonnateur résident du système des Nations unies en Algérie, Mamadou Mbaye, a ainsi réuni, hier, sa fine équipe représentant les différentes agences qui opèrent en Algérie (BIT, HCR, Unicef, Onusida, BM…) pour un débat interactif avec les journalistes à la résidence El Mithak. Et la double célébration de la Journée des Nations unies (24 octobre) et le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie ont offert une belle tribune à l'ONU-Algérie de faire le bilan de cinquante ans de coopération pour certaines de ses agences. Il y avait donc de l'histoire (exposition et conférence au MAE retraçant le long chemin parcouru ensemble entre l'Algérie et l'ONU), mais aussi un bilan de ce qui a été fait et des perspectives de coopération à l'avenir. De l'assistance aux réfugiés sahraouis dans les camps à Tindouf à l'accueil d'autres réfugiés maliens à la frontière algérienne, en passant par des différents programmes d'assistance, de sensibilisation, d'orientation et parfois de financement de projets en Algérie, les représentants des agences onusiennes se sont relayés pour donner un petit aperçu de ce qui a été accompli, mais aussi de ce qui reste à faire. Mais comme l'a si bien souligné Mamadou Mbaye, l'Algérie n'a pas besoin de financement, mais de coopération. Considéré comme un pays à revenus intermédiaires de niveau supérieur, notre pays a surtout besoin d'expertise et d'assistance techniques pour faire aboutir des programmes spécifiques visant à améliorer le bien-être des Algériens. Les programmes des Nations unies déclinés par ses agences en Algérie touchent des thèmes aussi variés que la condition féminine, la violence faite aux femmes, les droits de l'enfant, la scolarité, la lutte contre le sida et la toxicomanie, voire le développement humain. Plus généralement, le système des Nations unies entend se faire de plus en plus visible pour faire connaître le travail colossal d'une petite armée de fonctionnaires expatriés et nationaux. Le tour de table d'hier a permis de saisir cette volonté d'aller de l'avant dans un pays où ces employés étrangers ont «choisi de venir en Algérie au lieu d'aller ailleurs». M. Mbaye s'est fait fort de rappeler que l'attentat commis contre le siège de l'ONU en 2007 n'a pas entamé sa volonté et celle de ses collaborateurs de résister «même au terrorisme». Inscrivant l'activité des Nations unies dans le strict cadre «professionnel», le coordonnateur résident semble avoir intériorisé l'épisode de son prédécesseur, Paolo Lambo, qui avait été prié en 2003 de quitter l'Algérie coupable de «faire de la politique». Pour Mamadou Mbaye, sa mission est claire : «Nous ne sommes pas des donneurs de leçons.»