Le FFS mise sur le professeur Aberkane, ex-ministre de la Santé, pour ravir au FLN cette importante circonscription qui n'a jamais changé de couleur politique depuis les premières élections pluralistes de 1997. Le pas alerte, le professeur Abdelhamid Aberkane, emmitouflé dans sa kachabia, sillonne son village natal en quête de voix. Il s'attarde dans les quartiers populaires Tanja, 1600 Logements, Salah Derradji… L'enfant du Khroub écoute attentivement ses interlocuteurs et les invite à aller voter en faveur du front. L'autre front. Transfuge du FLN avec qui il a gravi la plus haute marche de l'hôtel de ville de la seconde commune de la wilaya de Constantine, tout en ayant foulé également la sphère gouvernementale, le Pr Aberkane défend, cette fois-ci, les couleurs du FFS. Un parti qui mise sur l'aura de l'ex-ministre de la Santé, en espérant ravir au FLN cette importante localité de plus de 200 000 habitants, d'autant que celle-ci n'a jamais changé de couleur politique depuis les premières élections pluralistes de 1997. La bataille électorale s'annonce au demeurant intéressante entre les deux fronts favoris. Indubitablement, le double scrutin du 29 novembre prochain ne vaudra que par la propension d'essaimage vigoureusement escomptée par le plus vieux parti d'opposition tant il est vrai que la formation de Da l'Hocine a longtemps souffert de sa ghettoïsation dans le giron kabyle. La reconquête de l'Algérie profonde et, par voie de conséquence, la refondation du FFS historique passe inéluctablement par l'ouverture de brèches dans les assemblées locales élues, outre celles de Kabylie. S'il est fondamentalement établi que le front de Belkhadem, profitant notamment du fameux quotient éliminatoire de 7%, taillé sur mesure d'ailleurs, décrochera aisément le jackpot – «au moins les deux tiers des assemblées», dixit le patron du FLN himself – ce «fait accompli» attiédit bien évidemment davantage cette campagne électorale et vide de tout sens cette consultation populaire. En dépit de cela, il n'en demeure pas moins que l'ambition de l'autre front de s'imposer en dehors de son bastion traditionnel a de quoi titiller, actuellement, analystes et autres pronostiqueurs. Dès lors, le match que livre le FFS au FLN dans cette localité constitue l'attraction, l'unique vraisemblablement, de cette joute électorale au niveau de la wilaya de Constantine. Parti historique contre parti historique Flanqué du n°56 que les militants du parti d'Aït Ahmed considèrent comme étant hautement significatif puisqu'il renvoie au Congrès de la Soummam qui s'est tenu justement le 20 août 1956, le FFS, emmené par le Pr Aberkane, aura fort à faire face à un adversaire tenace, décidé à défendre âprement son «bien» et le garder jalousement dans son escarcelle. Conduit par Bouras, l'ex-parti unique aime faire savoir, pour sa part, que le n°22 constitue une forte référence puisqu'il renvoie à la rencontre des 22 personnalités auxquelles l'on attribue l'immense honneur d'avoir été les précurseurs de la Révolution armée. En clair, c'est parti historique contre parti historique, référence historique contre référence historique ! De quoi pimenter quelque peu une campagne électorale pour l'heure insipide, séduire les citoyens d'El Khroub et rendre ardue l'issue du scrutin, même si la dimension du Pr Aberkane, qui met en jeu toute une carrière politique, constitue un avantage certain pour le FFS. A cet effet, il a souligné récemment, dans une déclaration à la presse, que s'il a décidé de revenir aux affaires de la commune, «c'est juste pour travailler localement» et faire bénéficier sa ville de son expérience, non sans préciser qu'il ne brigue rien d'autre que cela, tout en rappelant qu'il avait démissionné de son poste de ministre. Une manière de montrer son attachement viscéral à son village. Les électeurs l'entendent-ils de cette oreille ? «Il a imprimé une cadence certaine à l'APC d'El Khroub durant son mandat. Je ne peux qu'adhérer à sa volonté de revenir aux affaires de la commune, je voterai pour lui sans hésitation», nous affirme, à ce sujet un médecin exerçant au Khroub. Un avis contredit par un autre Khroubi et professeur d'université : «Je n'ai rien à dire sur le Pr Aberkane, mais le FLN coule dans mes veines, je suis et je resterai fidèle à mon parti et bien entendu, ma voix ira à Bouras que le parti a choisi.» Sans nul doute, la bataille électorale dans cette localité et ses méga-cités satellites, les nouvelles villes Ali Mendjeli et de Massinissa en l'occurrence, servira assurément d'indicateur quant à l'influence réelle, du FLN d'un côté et d'Aberkane, de l'autre côté, sur la citadelle de Massinissa. Le FLN pèsera-t-il plus qu'Aberkane ou bien serait-ce l'inverse ? Cela étant, arracher la commune du Khroub, placer des élus au sein d'autres assemblées locales après avoir réussi à introniser une députée dans la circonscription électorale de Constantine, voilà en quoi réside l'entreprise de pénétration prônée par le FFS. Il faut dire que la célébration dans moins d'un an, le 29 septembre 2013 plus exactement, du cinquantenaire de la création du parti est un moment éminemment événementiel qui ne sied qu'à une formation d'envergure nationale, d'où cette obsession des militants du FFS de réussir au plus vite sa reconfiguration. D'autant que 2014 pointe à l'horizon…