Polémique autour d'un transfert de cendres d'un général dont le nom reste lié à la torture en Algérie. Les cendres du général Bigeard seront transférées aujourd'hui au mémorial des guerres d'Indochine à Fréjus. Un hommage contesté par des élus et militants de gauche, opposés à tout hommage officiel au «baroudeur» des guerres coloniales. Le nom de Bigeard reste attaché à l'histoire coloniale française au Vietnam et à la torture en Algérie, dont il avait justifié l'usage comme «un mal nécessaire», tout en niant l'avoir pratiquée lui-même. Avant de mourir à l'âge de 94 ans, Marcel Bigeard avait souhaité que ses cendres soient dispersées au-dessus de Dien Bien Phu. Mais ses dernières volontés s'étaient heurtées au refus des autorités vietnamiennes. En 2010, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, avait décidé de faire entrer le général Bigeard aux Invalides. En réaction, un groupe d'élus, d'associations et d'intellectuels de gauche recueillait aussitôt des milliers de signatures pour s'opposer à cet hommage. Gérard Longuet y avait renoncé. Un nouvel appel de personnalités dénonce la commémoration de Fréjus, qui met à l'honneur «un baroudeur sans principes, utilisant des méthodes souvent ignobles». La pétition qui a également recueilli plusieurs milliers de signatures rappelle que ce militaire a laissé «aux peuples, aux patriotes qu'il a combattus, aux prisonniers qu'il a interrogés de douloureux souvenirs» en Indochine et en Algérie. Loin d'être «un héros des temps modernes», l'homme symbolise «les pratiques les plus détestables de l'armée française». A Fréjus (Var), la cérémonie doit se dérouler ce jour à midi, sur le site de la nécropole nationale dédiée aux soldats morts en Indochine en présence du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian et du secrétaire d'Etat aux anciens combattants, Kader Arif.