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Veillée d'armes en perspective de la présidentielle
Dissidences partisanes et scandales financiers
Publié dans El Watan le 22 - 11 - 2012

Les prétendants potentiels à la magistrature suprême dans la sphère du pouvoir sont, depuis quelques semaines, au centre d'une agitation politico-médiatique qui n'a pas livré tous ses secrets.
L'Algérie est le seul pays où, à une année d'une élection aussi importante que la présidentielle, tout le monde continue à dire que ce n'est pas le moment d'y penser et encore moins d'ouvrir le débat sur un rendez-vous d'une telle envergure dans la vie d'une nation. Généralement, la dernière année du mandat du Président sortant, dans les démocraties les plus accomplies, est une année de bilan et surtout de débats autour des projets et des propositions des différents courants ou de candidats qui se proposent à la magistrature suprême. On n'en est certainement pas encore là. Fonctionnant plutôt comme une République bananière, gouvernée par des intérêts de clans, qu'une nation réglée par une Constitution et des lois impliquant une compétition saine et apaisée entre les projets politiques et les programmes, l'Algérie est en train de donner un mauvais spectacle sur une scène manquant terriblement de lumière, en attendant l'avant-première de 2014.
A une année d'une échéance politique si importante et cruciale pour l'avenir du pays, il n'y en a pas un qui ait manifesté clairement son désir de briguer un mandat présidentiel en disant tout simplement : «Je suis candidat à la prochaine élection présidentielle.» Après tout, c'est un droit constitutionnel de tous les Algériens. Mais dans une manière bien algérienne de faire de la politique, chacun le manifeste à sa manière. Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, l'avait confié à un de ses proches : «Pourquoi pas moi ?» Si publiquement il déclarait qu'il n'était pas encore temps d'en parler, dans les actes, Abdelaziz Belkhadem faisait tout pour donner les moyens à son ambition.
Il s'est maintenu contre vents et marées à la tête du FLN malgré un cinglant retrait de confiance exprimé par une bonne partie des membres du comité central du parti. Ahmed Ouyahia, son homologue du Rassemblement national démocratique (RND), a fait de même en envoyant des messages codés. Lorsque la question lui avait été posée, il y a quelques mois, il a répondu par une autre : «Est-ce qu'un quatrième mandat du président Bouteflika est une bonne chose pour l'Algérie ?» Si personne ne peut deviner le fond de la pensée d'Ahmed Ouyahia, il semble en revanche bien avoir l'envie de «rencontrer son destin». Sans mettre le pied dans l'étrier, l'ex-Premier ministre nourrit bel et bien le rêve de devenir le président des Algériens. Amar Ghoul aurait lui aussi cru à sa bonne étoile, en quittant son ancien parti pour créer le sien Tadjamou Amel Jazaïr (TAJ).
Dans un système politique qui fonctionne dans la clarté, quoi de plus normal que d'avoir de l'ambition pour peu que cela se fasse selon les règles de l'art et des standards démocratiques. Ce n'est pas le cas en Algérie. A la mesure donc de l'opacité qui préside à l'élection d'un président d'un pays comme l'Algérie qui n'arrive pas à se projeter dans l'avenir, l'expression des ambitions des trois responsables politiques, telle qu'elle a été formulée, et le rejet qu'ils ont suscités peuvent, en effet, donner cours à plusieurs lectures. Abdelaziz Belkhadem est fortement contesté au sein de son parti. Il s'y accroche toujours par la force et surtout par la volonté du président d'honneur du FLN qui n'est autre que le chef de l'Etat. Ahmed Ouyahia connaît une véritable fronde, cette fois-ci menée par de grosses pointures du RND, entre autres, Yahia Guidoum qui ne jure que par sa destitution. Amar Ghoul, quant à lui, est rattrapé par le scandale de l'autoroute Est-Ouest.
Leur fragilisation est loin d'être un fait de pur hasard. Telle qu'elle a été synchronisée, elle indique l'existence d'un plan pour l'élection présidentielle de 2014 que les Algériens, les concernés en premier lieu, aimeraient bien connaître. S'agit-il, comme on a l'habitude de le voir, d'un scénario savamment concocté pour signifier à un Ouyahia «impopulaire», à un Belkhadem «crypto-islamiste» et à un Ghoul éclaboussé par le scandale de l'autoroute Est-Ouest, la fin de la récréation ? Ou bien ce sont les relents d'une lutte au sommet autour d'un rendez-vous électoral aux enjeux décisifs pour le pays ?
Ce qui rajoute encore un brin de flou à la situation, ce sont les rumeurs ou les ballons-sondes qu'on envoie pour mesurer le niveau d'acceptation de l'idée que le président Bouteflika, qui a déclaré à Sétif à la veille des élections législatives du 10 mai dernier que sa génération doit laisser la place aux jeunes, pourrait briguer un quatrième mandat. On parle même d'une Constitution sur mesure, à cet effet. La première mouture du projet de la nouvelle loi fondamentale serait même fin prête. Mais cela reste un secret d'alcôve, auquel le commun des mortels n'a pas encore accès. Ce sera peut-être un jour, lorsque la politique dans notre pays obéira aux normes démocratiques.


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