Alors que TPS a déserté nos écrans sans crier gare, on annonce la création dans un avenir très proche d'une chaîne musicale maghrébine qui aura son siège à Tunis. Il n'y a certes aucun rapport entre les deux infos, mais essayer de combler un vide aussi énorme par ce qui s'apparente à... une broutille ne fait de mal à personne. On retiendra quand même que pour lutter contre la trop grande dépendance des téléspectateurs maghrébins vis-à-vis des chaînes étrangères, les responsables TV des trois pays concernés (Algérie, Maroc,Tunisie) ne restent pas inactifs. La multiplication par exemple des émissions locales de divertissement à grands budgets pour rivaliser un tant soit peu avec les produits européens prouve que des efforts notables sont entrepris pour se démarquer et offrir à son public une gamme de spectacles qui lui rappelle son quotidien. La question qui se pose est de savoir si ce public maghrébin est interactif ou pas. Autrement dit, il serait intéressant de connaître à quel niveau d'audience la télé algérienne pénètre le marché télévisuel marocain ou tunisien et vice-versa. Jusque-là, aucune étude sérieuse n'a été faite pour évaluer cette interactivité autant sur un plan strictement commercial que culturel. Dans quelle proportion les Algériens, grâce au numérique, s'amusent-ils à suivre les programmes de nos voisins ? Les émissions algériennes qui commencent à prendre de l'étoffe ont-elles du succès auprès du public marocain ou tunisien ? Personne ne peut avancer une réponse précise à ce sujet, sauf quand il y a un événement dans lequel les trois pays sont directement concernés. Le meilleur facteur de rapprochement, dans ce cas, reste le fait sportif, le football surtout qui ouvre avec une facilité déconcertante le petit écran à toute la communauté maghrébine. Il existait dans un passé pas très lointain une tradition d'échanges culturels entre les trois pays qui se traduisait par des soirées musicales diffusées en direct. C'était l'époque des télés monopoles qui instrumentalisaient le culturel version officielle pour éviter de se rentrer dedans politiquement. Ces soirées avaient l'avantage d'être suivies dans tout le Maghreb et nous faisaient découvrir au passage des artistes complètement ignorés jusque-là. Avec l'élargissement du champ télévisuel qui a littéralement éclaté, cette tradition a disparu. Aussi bien en Algérie, qu'en Tunisie ou au Maroc, de nouvelles télés ont vu le jour tout en demeurant cependant pour la plupart sous contrôle de l'Etat. La Télé Unique a fait son temps bien que chez nous elle se complaise jalousement dans cette réputation (un concept, en fait, lourd de sens), malgré l'existence de trois chaînes dont on dit qu'elles sont autonomes entres elles. Sur ce plan-là, c'est le voisin de l'Ouest qui tient la tête de peloton en prenant une sérieuse avance sur ses concurrents. En effet, une multitude de nouvelles chaînes privées, parmi lesquelles Medi 1 Sat, Canal 3M, Ritmo TV, 3TVEM ainsi que de nombreuses radios libres (31 au total) sont en attente de recevoir leur agrément de la part du conseil supérieur de l'audiovisuel. Incontestablement, le paysage audiovisuel du Maroc sera, dit-on, le plus riche du Maghreb, suivant un processus d'ouverture imposé par le souverain lui-même. La Tunisie ne veut pas rester à la traîne. Avec une génération de nouveaux managers impliqués dans le monde de la communication et des médias, à l'instar des frères Karoui qui nous fabriquent Akhir Kalima, ce pays veut assurément aller de l'avant. Le projet d'une chaîne musicale maghrébine non stop qu'il compte lancer incessamment et qui servira à promouvoir les talents naissants des trois pays en lice est à la mesure de son ambition. L'Algérie aussi a des chaînes thématiques en chantier. Mais de quoi sera fait son nouvel environnement télévisuel demain ? That is the question...