Après la mobilisation de mardi contre le contrat première embauche (CPE) dans près de 200 villes, les syndicats et les étudiants se tournent maintenant vers Jacques Chirac. Hier, dans une lettre cosignée, les cinq centrales majoritaires (CGT, CFDT, CFTC, FO et CGC) ont demandé au président de la République d'« ordonner au Parlement la révision de la loi sur l'égalité des chances, en excluant l'article relatif au contrat première embauche ». Faute de quoi, ils promettent d'organiser d'autres actions de protestation au niveau national et à Paris. De son côté, le Conseil constitutionnel doit dire aujourd'hui si la loi sur le CPE, votée hâtivement par le Parlement début mars, est conforme à l'esprit de la Constitution française. Dans le cas contraire, elle sera supprimée ou profondément révisée. Pendant ce temps, Dominique de Villepin reste sourd aux appels de la rue et ne veut rien céder. Ses appels au dialogue n'ont pas trouvé d'écho auprès des syndicats et des étudiants qui posent le retrait du CPE comme préalable à toute discussion. Ainsi, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, estime « impensable que le Premier ministre puisse camper ainsi sur ses positions, alors qu'il n'y a qu'une seule issue à la crise : le retrait du CPE ». En plus de la fronde populaire grandissante à laquelle le Premier ministre français doit faire face, c'est aussi la fissure qui apparaît au sein de la majorité parlementaire qui inquiète. Alors que près de 90% des députés de l'UMP se sont officieusement déclarés favorables à la suspension ou au retrait du CPE, Dominique de Villepin semble perdre, peu à peu, ses soutiens. Jacques Chirac, qui ne « veut pas s'éloigner de l'Elysée » cette semaine, devrait, selon son entourage, s'exprimer sur cette crise dans les prochains jours.