À trois jours de la journée de mobilisation et de grève du 28 mars, le Premier ministre français fonde ses espoirs sur une sortie, honorable pour lui, dans la question du CPE (contrat premier embauche), qui empoisonne la France depuis son adoption par le Parlement. De Villepin compte voir aboutir ses négociations avec les syndicats auxquels il a promis un dialogue ouvert pour prendre, “sans a priori, des mesures propres à lever les inquiétudes et les interrogations qui se sont exprimées au sujet du CPE”. Les responsables des 5 confédérations françaises (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT et FO) ont accepté de répondre favorablement à la proposition du Premier ministre, mais c'est pour faire part de leur exigence de retirer complètement le CPE, dont la loi, toujours pas promulguée, est à l'examen au niveau du Conseil constitutionnel sur saisine de l'opposition. Les syndicats se disent d'autant plus à l'aise qu'ils partagent leurs revendications avec le front réunissant toutes les organisations estudiantines et lycéennes. Les confédérations invitées à Matignon devaient se réunir hier avec ces associations pour mettre au point le message destiné à De Villepin. Le Premier ministre, pour ne pas être la proie d'une méga coalition, a finalement invité les organisations étudiantes (UNEF, FAGE, PDE, UNI et Confédération étudiante) à venir discuter du CPE, lundi 27 mars. Le Premier ministre a reçu, avant la mise en branle de ses négociations, les trois organisations patronales : le Medef, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) et l'Union professionnelle artisanale (UPA). Pour Matignon, l'important est que le dialogue ait été initié. Au sein du gouvernement et de la majorité, certains parlent de stratégie risquée tandis que Sarkozy guette le faux pas du Premier ministre, même s'il s'est réjoui de la reprise du dialogue. Mais, si De Villepin prend des coups, Sarkozy ne sera pas épargné. Dans cette affaire, ils sont sur le même radeau même si chacun d'eux rêve de voir l'autre dans la boue en prévision des présidentielles de 2007. D. B.