En dépit du recours d'un bon nombre de citoyens aux tracteurs motorisés pour labourer leurs parcelles de terrain, la vieille charrue est encore utilisée dans la région d'Ath Ouaghlis. La région est connue pour ses terrains abrupts et peu meubles, et où l'unique moyen d'accéder à certains lopins de terre reste la charrue. Les dernières pluies automnales, tombées tardivement, ont rendu le sourire aux fellahs même s'ils s'accordent à dire que la pluviométrie n'était pas au rendez-vous et a pris un léger retard. Néanmoins, elle a fait un grand bien à l'arboriculture. C'est dans ce sillage que les rares propriétaires de charrues tirées par les bœufs ont investi les champs pour retourner la terre, après avoir affûté les socs et attelé le joug à la nuque des animaux de trait. Ces derniers obéissent aux ordres de leurs maîtres. «Depuis mon jeune âge, je travaille avec les bœufs en parcourant pratiquement tout le flanc de notre vallée», nous dira Da Bouzid, un sexagénaire, propriétaire d'une charrue et d'une paire de bœufs. Et d'ajouter : «C'est vrai. Labourer la terre à l'aide d'une charrue est un travail pénible, mais le fait de pérenniser une tradition ancestrale me rend fier d'exécuter ce noble travail». Les personnes perpétuant cette tradition ne sont pas nombreuses dans la région. Et pour cause, l'effort et la patience que requiert ce pénible travail découragent les nouvelles générations. Le travail de la terre est déserté depuis des décennies par la population locale, préférant de loin des métiers moins pénibles et plus rémunérateurs. Par conséquent, des terrains restent en jachère.