Sans même attendre le lancement de la campagne, les fellahs de la région de Mascara, particulièrement ceux qui possèdent la foi, ont entamé les travaux relatifs aux labours de leurs lopins ou parcelles de terre et ce, dès les premiers jours du mois sacré de Ramadhan tout en spéculant sur les chutes de pluie. Néanmoins, certains, réticents, ont préféré patienter encore quelques jours avant de se décider enfin à prendre des initiatives liées à cette opération censée déterminer la saison agricole. Et comme toujours en pareilles circonstances, les agriculteurs optent chacun pour la méthode appropriée à sa situation sociale et en fonction de la superficie à labourer. Ainsi, les propriétaires des grandes surfaces utilisent des tracteurs et ceux qui détiennent des lopins font usage de pratiques archaïques. Même la première catégorie est scindée en deux groupes, où se retrouvent ceux qui possèdent leurs propres engins et les démunis, contraints de les louer pour une telle besogne. Si les propriétaires de tracteurs n'éprouvent aucune difficulté à s'acquitter de cette tâche, les seconds, quant à eux, restent dépendants de la disponibilité de ces engins très sollicités en cette période. Néanmoins, la saison de l'automne est dominée par un aspect qui fait partie du paysage rustique de la région, celui ayant trait à l'apparition des bêtes de trait, ânes et mulets qui tirent des socles pour labourer les parcelles de terre difficile d'accès. Cette campagne est placée sous le signe de l'espoir pour les uns, mais appréhendée par les autres eu égard à l'absence de chutes de pluie dans certaines régions de la wilaya et ce, en dépit d'une bonne pluviométrie enregistrée dans les wilayas limitrophes. Sans s'engager totalement, les fellahs ont tout même labouré la terre et ont procédé à l'achat des semences, blé dur, blé tendre, orge et avoine, des grains qu'ils sèmeront en formulant le vœu que la pluie tombe et les récompensera des efforts consentis jusque-là car, tradition oblige, les agriculteurs s'adonnent au travail de la terre de génération en génération. A. B.