L'ultimatum d'un mois fixé par le Conseil de sécurité de l'ONU, pour suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium, vient relancer en quelque sorte la crise qui oppose l'Iran et les pays occidentaux menés par les Etats-Unis depuis l'annonce par Téhéran en février 2003 de son intention de produire son propre combustible nucléaire pour ses futures centrales civiles. Une crise jalonnée par une série de rebondissements, notamment depuis l'élection du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui a réaffirmé devant les Nations unies, le « droit inaliénable » de l'Iran à maîtriser le cycle du combustible nucléaire. L'acharnement des Occidentaux n'a pas pour autant diminué, en dépit des déclarations plutôt conciliantes, voire même en porte-à-faux avec celles des Américains du directeur de l'Agence internationale pour l'énergie atomique. En 2005, les Iraniens avaient même menacé de quitter le cadre du Traité de non-prolifération et d'arrêter toute coopération avec l'AIEA si le conseil des Nations unies venait à être saisi du dossier. Afin de tenter de désamorcer quelque peu la crise, la Russie avait proposé à Téhéran de procéder sur son territoire à l'enrichissement de l'uranium iranien. Une proposition qu'Américains et Européens avaient soutenue. Malheureusement, au fil des négociations et sous la pression de Washington, les Occidentaux refusent la moindre concession à Téhéran y compris l'idée proposée par les Russes de garder sur le territoire iranien une unité d'enrichissement nucléaire à des fins de recherche. Une unité que superviserait d'ailleurs l'AIEA. Non contents de cela, les Etats-Unis maintiennent la pression devant la position ferme iranienne qui fait capoter les négociations entamées avec Moscou. L'AIEA est alors contrainte de transmettre le dossier devant le Conseil de sécurité au sein duquel les représentants de la Russie et de la Chine pèseront de tout leur poids afin d'éviter que le texte de la résolution, adoptée mercredi dernier rédigé conjointement par la France et la Grande-Bretagne, inspirés sans doute par les Américains, ne laisse entendre que le programme iranien constituait une menace à la paix et à la sécurité internationales. Ce qui pourrait ouvrir la voie dans une seconde étape, au sens de la charte des Nations unies, à des mesures punitives, comme cela a été le cas pour l'Irak, à propos de la présence de soi-disant armes de destruction massive et leur fabrication par le régime de Saddam Hussein. D'ailleurs, au lendemain de l'ultimatum du Conseil de sécurité, des voix se sont élevées pour insister sur le règlement de ce différend par la voie diplomatique. Russes et Chinois ont dit qu'ils ne croyaient pas que des sanctions contre Téhéran serviraient au règlement du contentieux, rejoint en ce sens par le directeur de l'AIEA, l'Egyptien El Baradei. Les Allemands ont même reproché à Georges Bush que l'accord nucléaire passé avec l'Inde qui pourra acheter du combustible et des équipements aux Etats-Unis ne faciliterait pas les choses. A l'issue de la rencontre de Berlin, qui a regroupé les chefs de la diplomatie occidentaux, russe et chinois, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères a clairement laissé entendre qu'il n'en fallait pas rajouter aux problèmes du Proche-Orient avec une solution autre que pacifique sur le dossier du nucléaire iranien.