Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) est satisfait d'avoir préservé ses positions là où les citoyens sont impliqués dans le combat politique empêchant le règne de la fraude. Son président, Mohcine Belabès, qui a animé hier une conférence de presse au siège du parti situé à El Biar, sur les hauteurs d'Alger, appelle les Algériens à méditer ce qui s'est passé le jour du vote dans la commune de Haïzer à Bouira, où les citoyens ont empêché le vote des militaires stationnés dans la région. «C'est l'un des événements les plus significatifs quant au potentiel de mobilisation qui existe dans le peuple», souligne Mohcine Belabès considérant en effet qu'«à travers les élections locales du 29 novembre 2012, le pouvoir vient d'apporter une réponse de plus quant à sa volonté de soumettre le pays en fermant le jeu politique par la corruption et l'abus d'autorité». «Ce choix est dangereux, cette voie est sans issue», estime le président du RCD qui ajoute que «le seul endroit d'Algérie où la fraude n'a pas pu être massive et systématique, malgré le vote des corps constitués, c'est la Kabylie.» Le conférencier n'a pas caché sa satisfaction quant aux scores réalisés par son parti qui, faut-il rappelé, s'est passé durant sa campagne électorale des services de l'ENTV et de la Radio nationale. «Ciblé, attaqué et stigmatisé, le RCD s'honore d'avoir, pour l'essentiel, préservé ses positions grâce au dévouement héroïque de ses militants qui ont animé une campagne de proximité permanente en dépit des entraves de l'administration.» Selon ses estimations, le parti a obtenu une majorité dans 31 communes à Tizi Ouzou, 9 à Béjaïa et 5 à Bouira. Pour Mohcine Belabès, «en dehors de la Kabylie, le fichier électoral, dont le Premier ministre lui-même a avoué qu'il n'est ni assaini ni exploitable, demeure la source de dépossession des voix des Algériens». «Ce scrutin est une manifestation d'une stratégie suicidaire», indique le président du RCD. Selon lui, «tous les observateurs ont noté la détermination du pouvoir à promouvoir la délinquance et l'incompétence à travers ses listes, aggravant les risques d'une déstabilisation nationale». Le conférencier décrit une situation politique d'un pays «à la dérive». «La création de néoformations, dopées par les voix des corps constitués, ne visait qu'un objectif», selon Mohcine Belabès. Il s'agit de «polluer davantage la scène politique, assujettir le citoyen pour le transformer en client dépendant des réseaux mafieux qui sont, aujourd'hui plus que jamais, la substance de la représentation politique dans le système algérien». Pour le RCD, seule une alternative patiemment construite sur des critères clairs, cohérents et qui se distinguent de la dynamique de régression politique, morale et sociale, qui vient de connaître son apogée dans cette campagne, peut sauver le pays». Mohcine Belabès affirme que l'élection qui vient d'avoir lieu n'est pas une répétition de toutes les autres. C'est «une démonstration d'une précipitation d'un désastre annoncé». Il précise : «Plus le pouvoir est isolé, plus il est contesté, plus il se braque.» Selon lui, «jamais le vote des corps constitués n'a été aussi grossièrement manipulé». «Que pourra dire l'institution militaire qui a accepté d'être instrumentalisée de façon aussi caricaturale ?», s'interroge le président du RCD qui pense que les élections locales sont à la fois une opération de domestication nationale et un message d'alerte pour le peuple. Dénonçant ainsi le vote des corps constitués qui ont pesé lourdement sur les résultats, Mohcine Belabès a évoqué, en parlant des scores obtenus par son parti, d'éventuelles alliances pour gérer les communes. Avec qui ? La décision revient, dit-il, aux concernés au niveau local, et cela va certainement se faire au cas par cas.