Les femmes sont de plus en plus touchées par cette maladie en Algérie. Seulement 8% d'entre elles ont accès aux services de prévention de transmission du VIH de la mère à l'enfant. Le réseau algérien contre le sida, constitué de plusieurs associations, a décidé de s'unir afin de réactiver ses actions contre le sida. Une maladie qui est en nette augmentation en Algérie. 550 nouvelles contaminations ont été officiellement notifiées lors de l'année 2012 sur les 10 000 personnes dépistées, portant le nombre de séropositifs à 5958 et 1345 malades pris en charge en algérie. Des statistiques qui restent loin de la réalité selon l'ANAA, qui a animé, hier, une conférence de presse à l'occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le sida. Pour le coordonnateur du réseau et président de l'association Anis, le Dr Scander, cette initiative de la société civile se fixe l'objectif d'atteindre zéro nouvelle infection et nouveaux décès, et surtout lutter contre la discrimination et la stigmatisation des personnes vivant avec le virus VIH. M. Scander a tenu à souligner que malgré les efforts consentis et les avancées réalisées par l'Etat algérien, les femmes demeurent les plus touchées par cette maladie et elles sont les «oubliées de cette dynamique». Les chiffres officiels fixent la barre à 2902 femmes porteuses du virus, alors que des estimations plus fiables ont révélé que 6000 à 12 000 femmes vivent avec le VIH/sida a-t-il précisé. «Cette situation est plus alarmante lorsque l'on sait que seulement 8% de ces femmes contaminées ont accès aux services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant, d'où le risque accru et le nombre croissant de nouveau- nés porteurs du virus et qui serait de l'ordre de plusieurs centaines», a-t-il déploré en expliquant que cela est «la conséquence des difficultés rencontrées pour aborder les questions liées à la santé sexuelle dans nos sociétés et le tabou qu'est le sida et à la sexualité imposée aux femmes et qui représente une forme de discrimination et de stigmatisation à leur égard.» Il poursuit en signalant que d'après l'Onusida, ce contexte de stigmatisation explique le nombre de nouvelles infections dans l'ensemble de la région MENA de 35% entre 2001 et 2011, alors qu'une diminution est enregistrée dans les autres régions du monde. Ce qui, selon le Dr Scander, impose une riposte sociétale pour les animateurs du réseau algérien contre le sida constitué d'une quinzaine d'associations. Ainsi, ANAA lance un appel aux pouvoirs publics, particulièrement au ministère de la santé pour la mise en œuvre des programmes de prévention de transmission de la mère à l'enfant à travers le pays. «Ce qui peut se faire aussi par le renforcement des services de prévention contre la contamination. Notre mouvement s'engage à accompagner cette stratégie », a-t-il ajouté. «La réduction des ressources financières contre ce fléau ne doit pas limiter les actions. Il est de notre rôle de trouver le génie de mobiliser les ressources et renforcer nos engagements», a-t-il indiqué. Le réseau compte donc développer une vision commune pour la mise en place entre autres d'un cadre d'action inter-associatif permettant de coordonner les actions à l'échelle locale et nationale, construire un plaidoyer pour l'accès à l'information, à la prévention à tous, particulièrement les jeunes, les femmes et les populations vulnérables et à haut risque. Comme il est aussi question selon le président de AIDS solidarité, M. Boufenissa, de renforcer le partenariat avec les différents acteurs institutionnels dans le cadre de la réponse nationale au VIH/sida. Pour l'association Iqraâ, membre de l'ANAA, un plan de communication est aujourd'hui impératif pour justement lutter efficacement contre cette maladie. Des campagnes de sensibilisation dans les écoles et les lycées demeurent un moyen efficace, a souligné Mme Barki. «Les hommes de religion peuvent jouer un grand rôle à cet effet», a-t-elle indiqué, en rappelant que son association a élaboré en 2005 un livre pédagogique sous le titre Je m'alphabétise par la culture de la santé contre le sida dont une étude d'impact a été positive. L'association lance ainsi un appel pour financer sa réédition dans sa nouvelle version.