Avec une prévalence de l'infection au VIH inférieure à 1% de la population, l'Algérie est considérée par l'Organisation des nations unies pour le sida (Onusida) comme un pays à profil épidémiologique bas. Malgré ce statut, explique le Réseau algérien contre le sida, qui est constitué de plusieurs associations de lutte contre la maladie, «l'Algérie continue d'enregistrer une relative accélération des nouvelles contaminations. Rien que pour les premiers mois de l'année en cours, 550 nouveaux cas ont été officiellement notifiés sur les 10 000 personnes dépistées, portant le nombre cumulé depuis l'apparition de l'épidémie dans le pays à 5958 séropositifs et 1345 sidéens. Ces chiffres ne reflètent pas forcément la réalité, s'exprime le Dr Skander Abdelkader Soufi, président de l'Association «Anis» de lutte contre le sida et pour la promotion de la santé, qui affirme que la société s'abstient à faire le dépistage, après des relations sexuelles non protégées. Le profil à faible prévalence prive, cependant, l'Algérie des subventions des organisations mondiales qui privilégient les pays à faibles revenus et à forte prévalence. Ainsi, les associations locales qui ont perçu une aide financière de l'Unicef en 2005, se retrouvent depuis 2008 sans ressources, pour financer le programme de sensibilisation. Malheureusement, précise M. Ahcène Boufenissa, président et consultant associatif en VIH/sida, «le ministère n'a pas initié un partenariat à l'égard de la société civile», afin d'encourager leurs actions. Le Dr Skander Abdelkader Soufi a mis en garde contre un nouveau phénomène qui prolifère. Il s'agit du nombre important de femmes infectées, ces dernières années et en conséquence les enfants. «Les chiffres officiels parlent de 2902 femmes porteuses du virus, alors que des estimations fiables font état de 6000 à 12 000 femmes», affirme le même conférencier, qui ajoute que «cette situation est encore plus alarmante lorsque l'on sait que seulement 8% de ces femmes ont accès aux services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant d'où le risque accru et le nombre croissant de nouveaux-nés porteurs du virus». De ce fait, estime le docteur, «les femmes et les enfants se retrouvent aujourd'hui en première ligne de l'épidémie, contrairement aux croyances cataloguant l'infection au VIH à certains groupes». C'est un état de fait expliqué par la difficulté d'aborder des questions liées à la santé sexuelle et le sujet tabou que constitue le sida et à la sexualité imposée aux femmes et qui représente une forme de stigmatisation et de discrimination à leur égard. D'après l'Onusida, ce contexte explique l'augmentation du nombre de nouvelles infections dans l'ensemble de la région MENA.