Le siège de l'Entreprise nationale de forage (Enafor) était encerclé, hier, par les pneus en feu et de grosses pierres et troncs d'arbres bloquant ses trois points d'accès. Il s'agit d'une manifestation de colère des membres de la tribu de Rouabah Messaoud, une trentaine de personnes, munis de deux banderoles montées sur un des accès du rond-point qui donne sur l'entreprise se trouvant justement en face du fameux puits d'eau creusé par leur aïeul, Roubah Messaoud, dont la ville pétrole ainsi que le champ pétrolier portent le nom. La famille Rouabah exige une reconnaissance de sa participation à l'existence de la commune nourricière du pays, de son patrimoine historique et… de ses droits «légitimes» sur l'Enafor, illicitement construite, selon eux, sur un terrain qui leur revient de droit. Un droit historique sur les lieux qui abritent le premier puits d'eau ayant donné naissance à l'agglomération. Les Rouabah s'intéressent particulièrement aux trois accès routiers menant à l'Enafor et exigent de celle-ci des emplois à toute la famille, un droit, bien entendu, puisqu'elle se trouve en face du puits de leur arrière-grand-père. Les travailleurs de l'entreprise redoutaient de sortir lors de la pause-déjeuner, certains ont préféré rester sur les lieux, d'autres ont pu sortir mais ont été priés de rebrousser chemin par les agents de sécurité à la reprise du travail. L'incident n'est pas inédit. Il y a une année, la tribu de Rouabah Messaoud avait en effet déployé des banderoles avec les mêmes messages : «Les descendants de Rouabah Messaoud demandent leurs droits légitimes sur la ville de Hassi Messaoud». La manifestation n'est pas allée au-delà, sans aucune agressivité contrairement à la protestation d'hier. Des citoyens outrés par ces agissements se demandent où cela mène-t-il ? Ironisant qu'un jour cette famille réclamera ses droits sur Sonatrach. Pour rappel, Rouabah Messaoud se trouve être le nomade qui avait pris l'initiative de creuser un point d'eau d'une profondeur de 30 m dans cette zone qui n'était, avant la découverte du pétrole, ni plus ni moins qu'un grand désert. Ce point d'eau servait à abreuver les chameliers et leurs troupeaux en transhumance. Les expéditions de la SNREPAL, dont les recherches avaient abouti à la découverte de pétrole à plus de 3500 m de profondeur en 1958, ont bouleversé le destin de cette région qui a gardé le nom du nomade qui, le premier, y a trouvé de l'eau. Hassi Messaoud veut dire le puits de Messaoud en arabe. Tard dans l'après-midi d'hier, ses descendants, entourés par un dispositif sécuritaire, encerclaient encore la zone et bloquaient la circulation.