Le rapport Onusida 2012 enregistre 34 millions de personnes vivant avec le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) sur la planète, et près de 30 millions sont morts depuis le début de l'épidémie en 1981. Au total, et à ce jour, plus de 60 millions de personnes ont donc été contaminées par le virus du sida. En 2011, le VIH a infecté 2,5 millions de personnes et la maladie a tué 1,7 million de personnes. Le traitement Sur le plan médical, les dernières connaissances suggèrent de commencer très tôt les traitements antisida pour protéger et préserver le système immunitaire. Le schéma thérapeutique classique a ainsi été bouleversé. En effet, il était d'usage de ne démarrer le traitement antirétroviral avec la multithérapie (dite trithérapie) que lorsque la propagation du virus devient importante dans l'organisme du patient, et que le système de défense immunitaire est affaibli. Ces dernières études stipulent de débuter le traitement de préférence dès la contamination par le VIH. Ce traitement précoce permettrait d'éradiquer le virus avant qu'il ne se multiplie d'une façon importante dans l'organisme. Les nouvelles contaminations (transmission du virus à un tiers par voie sexuelle ou par injection) seront ainsi arrêtées ; la source de contamination étant coupée. Cette nouvelle stratégie thérapeutique implique, par voie de conséquence, un dépistage massif et généralisé. Selon les experts et avec une telle démarche, l'épidémie pourrait probablement disparaître dans quelques décennies (environ en 2050), si toutes les personnes infectées par le VIH étaient dépistées et recevaient des médicaments antiviraux. Les Etats doivent s'impliquer davantage dans cette stratégie qui reste insuffisante. Aujourd'hui dans le monde, 12 millions de personnes sont dépistées et seulement 8 millions sont traitées sur un total de 34 millions de personnes vivant avec le VIH. Il reste cependant plus de 7 millions de personnes atteintes par le VIH et qui ont besoin d'un traitement. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics, d'une part, de démultiplier rapidement les structures de dépistage anonyme et gratuit pour un dépistage précoce et immédiat (en une demi-heure environ) du plus grand nombre possible de personnes infectées par le VIH et, d'autre part, de mettre à la disposition de la population le traitement antiviral en quantité suffisante et sans interruption, pour un accès aux soins juste et équitable. En effet, une interruption du traitement anti-VIH peut avoir des conséquences graves et dramatiques sur la santé du patient, mettant en jeu sa survie. Un échappement viral, par absence de traitement, se traduirait par une multiplication du virus que ne pourrait arrêter une administration du traitement d'une façon différée. La recherche En ce qui concerne le vaccin contre le VIH, ce dernier possède des capacités de mutations infinies. L'immunité développée par l'organisme contre ce virus, efficace au début, s'amenuise au cours du temps (sur quelques années) à cause des régions hautement mutantes auxquelles le VIH expose. Cependant, il existe des parties qui ne mutent pas (dites parties constantes) mais qui sont «cachées» par le virus. Ces parties cachées sont difficilement accessibles au système immunitaire. Il faudrait alors extraire ces zones intéressantes, les amplifier (pour avoir de grandes quantités) et les utiliser comme produit vaccinal (recherches du Professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine 2008). Le vaccin sera alors efficace quel que soit le mutant qui apparaît, car les anticorps produits seront dirigés contre les zones constantes entre toutes les souches du VIH. Ces limites concernant les médicaments et le vaccin nous ont poussés (recherches du professeur Kamel Sanhadji) à engager des travaux de recherche visant à éradiquer de l'organisme infecté complètement le virus du sida. La thérapie génique est un des moyens pour y arriver. Il s'agit de faire fabriquer par l'organisme des pièges pour leurrer le virus et le détourner de sa cible qu'est le globule blanc, appelé lymphocyte T4. Comme le VIH se fixe sur un endroit précis et fixe (récepteur CD4) du lymphocyte T4 pour pénétrer la cellule et l'infecter, on fournit au virus des CD4 solubles (non plus fixes sur la cellule) grâce à un gène (codant pour la molécule CD4) qu'on greffe dans l'organisme du patient infecté par le VIH. Ainsi, le VIH se «jette» sur ces CD4 solubles et s'y fixe fortement. Le virus restant ainsi à l'extérieur de la cellule cible sans y entrer meurt au bout de 6 heures et s'élimine de l'organisme. Cette dernière possibilité, encore expérimentale, nécessite encore quelques mises au point sur le plan de la biosécurité. Cette phase nécessitera encore 3 ou 4 années avant son application chez l'homme. Une avancée importante et intéressante en matière de prévention de la contamination chez la femme considérée comme personne vulnérable dans de nombreuses sociétés. Le fléau est dévastateur, principalement en Afrique subsaharienne. Il s'agit de la mise au point d'un microbicide (gel à usage intravaginal) contenant des antirétroviraux ayant fait l'objet d'une étude sur une large population de femmes en Afrique du Sud durant les trois dernières années. L'utilisation du gel par la femme 12 heures avant le rapport sexuel à risque et la poursuite du gel 12 heures après, réduirait de 50% le risque de contamination chez la femme. Cette démarche concerne la mise en place et la diffusion à grande échelle du gel microbicide (son prix de revient est intéressant pour les pays pauvres). Un autre fait scientifique important a été confirmé dans la diminution du risque de contamination par le VIH, il s'agit de la circoncision, puisqu'elle réduit de plus de 50% les risques de contamination par le virus du sida chez l'homme. Les pays du Sud : Quel avenir ? Malheureusement, dans beaucoup de pays, les traitements ne sont pas accessibles à de larges pans de la population. D'autant plus qu'une possibilité très réelle de faire régresser l'épidémie de sida à moyen terme existe maintenant. La laisser passer serait coupable de la part de la communauté internationale. La saisir demande une volonté politique, une organisation, une adhésion de la population et des moyens additionnels. Est-ce trop demander quand on pense au bénéfice humain immédiat et aux économies que générera demain cette prévention ? Il ne faudrait pas trop attendre des pays nantis, mais chaque pays faible ou pauvre doit intervenir selon ses moyens (de la simple prévention archaïque à l'achat de médicaments). L'Algérie, avec les moyens financiers dont elle dispose aujourd'hui, est à même d'acquérir et de fournir ces traitements à tous les patients algériens. Quant à la baisse des prix des médicaments anti-VIH, certains laboratoires pharmaceutiques consentent des baisses sur les prix de vente, car ces laboratoires se sont trouvés confrontés à des firmes pharmaceutiques qui ont copié et produit ces médicaments sous forme générique, même si les brevets des molécules mères (médicament princeps) n'ont pas encore expiré. Il est vrai aussi qu'on a plus de mal à obtenir des chiffres fiables dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient en général. On n'a pas su adapter le discours pour y arriver. Les pouvoirs publics sont tenus de mettre en place une culture du «parler vrai». On ne peut le faire qu'avec la participation de l'école. Les programmes scolaires devraient être adaptés pour que l'on puisse aborder de tels sujets. On pourrait, par exemple, consacrer 5 à 10 minutes par mois aux diverses maladies, y compris celles qui sont transmises sexuellement. L'enseignant pourra le faire et facilitera la tâche aux parents. C'est encore mieux si ces derniers y participent en discutant avec leurs enfants. Les enfants, une fois instruits de ces aspects, pourront faire eux-mêmes et entre eux le travail de prévention, car ils ont leur propre langage. L'effet boule de neige prendra rapidement place et la prévention sera efficace et réelle. Il s'agit en fait d'un problème de mise en place d'une culture.Toutes les maladies émergentes et ré-émergentes, en particulier la grippe porcine, le SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère), les cancers, la grippe A(H1N1), les hépatites, etc. constituent «un mal pour un bien», car elles nous permettent (je m'adresse aux chercheurs) de faire des recherches afin de parer à toute éventualité en cas d'arrivée d'un germe infectieux dangereux. Ils nous servent, en quelque sorte, de modèles pour nous tenir prêts en cas de besoin.