1983 : découverte du VIH/Sida Depuis sa découverte en 1983 par l'équipe du professeur Montagnier, des scientifiques du monde entier se sont penchés sur le virus du Sida (VIH). Même s'il a livré beaucoup de secrets, il reste aujourd'hui difficile de contrer cette maladie. En effet, le VIH n'est pas un virus comme les autres. Il s'attaque à nos défenses immunitaires, détruisant les lymphocytes T, qui comptent parmi les soldats chargés de défendre notre organisme contre les infections. Privé d'une partie de son armée, notre corps ne peut plus lutter contre les maladies opportunistes (qui profitent des faibles défenses de l'organisme pour se développer et parfois entraîner la mort). C'est pourquoi il est si compliqué de contrer le VIH : difficile de mobiliser nos défenses, considérablement affaiblies. Enfin, les mutations incessantes de ce virus si singulier ont rendu inefficaces bien des composés, pourtant prometteurs lors d'expériences en laboratoires. Mais différentes avancées ont néanmoins permis de faire reculer le Sida et redonné espoir à des millions de personnes. 1987 : premier composé antirétroviral Le VIH est un microbe très particulier : il s'agit d'un rétrovirus. C'est-à-dire que son matériel génétique est sous une forme d'ARN, une molécule proche du fameux ADN qui contient le patrimoine des cellules humaines. Ainsi, pour infecter les lymphocytes, il doit transformer son patrimoine en ADN grâce à une enzyme particulière : la transcriptase inverse. Cette molécule spécifique du virus a été la cible des premiers traitements disponibles dès 1987. Baptisés inhibiteurs de la transcriptase inverse, ils ont permis de réduire la multiplication du virus et de maintenir le taux de lymphocytes T, ralentissant ainsi l'évolution de la maladie. Le premier d'entre eux fut la zidovudine, plus connue sous le nom d'AZT. 1996 : arrivée des trithérapies A mesure que l'histoire naturelle du virus dans l'organisme était dévoilée, d'autres moyens de lutte apparaissaient. Une fois introduit dans sa cellule hôte, le virus va produire de nombreuses protéines, nécessaires à la fabrication de nouveaux virus. Mais pour produire ces éléments, il faut une enzyme, la protéase, qui va en quelque sorte donner la touche finale et rendre les différents éléments fonctionnels. Les inhibiteurs de protéases empêchent cette dernière étape, bloquant la production de nouveaux virus. Ainsi, dès 1995, était disponible le premier composé de cette nouvelle classe thérapeutique : le Saquinavir4. Dès 1996, le traitement de l'infection à VIH s'est orienté vers la combinaison de plusieurs traitements : les trithérapies (par exemple association d'une antiprotéase et de deux inhibiteurs de la transcriptase inverse). Ces nouvelles approches ont révolutionné le traitement de la maladie, rendant indétectable le virus dans le sang et empêchant ainsi l'évolution du Sida. Le virus fait de la résistance Aujourd'hui, les traitements du Sida ont énormément progressé. Mais la lutte est loin d'être gagnée. Ainsi, les trithérapies ne permettent pas d'éliminer totalement le virus : en cas d'arrêt du traitement, il sort du réservoir et réapparaît aussitôt. De plus, se pose désormais le problème de l'apparition de résistances. Grâce à ses mutations incessantes et incontrôlées, le virus peut devenir insensible à un ou plusieurs composés. Pas moins de 5 à 10% des malades sont, d'ailleurs, en échec thérapeutique, à cause de résistances multiples au traitement. Certes, des progrès ont été réalisés, puisque l'on peut maintenant tester le «profil» du virus au cas par cas pour connaître les molécules auxquelles il est sensible. Ce diagnostic préalable permet ainsi un traitement adapté. Vaccin : l'espoir déçu… pour l'instant L'année 2003 a tristement marqué la recherche d'un vaccin contre le Sida. En effet, les premiers résultats de l'étude la plus aboutie menée en Ouganda ont été négatifs : le vaccin utilisé ne procurait aucune protection contre le VIH7. Mais ce produit utilisait une protéine présente à la surface du virus, afin de provoquer la fabrication d'anticorps (molécules capables de se fixer sur les intrus dans l'organisme afin d'aider à leur destruction). Or, de nombreux spécialistes s'accordent aujourd'hui pour penser que cette seule approche ne peut éradiquer le virus. Il faut réussir à activer les défenses de l'organisme capables de s'attaquer au virus caché au coeur des cellules8. C'est pourquoi les vaccins testés aujourd'hui utilisent des gènes du VIH transportés par des vecteurs, sortes de "faux" virus. D'autres essais utilisent des molécules chargées de stimuler le système immunitaire. Enfin, plusieurs recherches visent à produire un vaccin thérapeutique, dont le but n'est pas de protéger contre l'infection, mais de lutter contre le virus chez les séropositifs. On peut ainsi retarder l'apparition des symptômes caractéristiques de la maladie ou limiter le recours aux antirétroviraux… mais à ce jour, aucun malade n'a réussi à éliminer le virus après avoir été infecté. Plus de 20 essais sont actuellement menés dans le monde, afin de mettre au point un vaccin efficace. L'un d'eux sera peut-être l'arme tant souhaitée pour mettre fin à plus de 20 ans d'épidémie. En attendant, les traitements ne doivent pas faire oublier la prévention. En France, 40.000 personnes seraient porteuses du virus sans le savoir et 600 décès lui sont imputables chaque année. Jusqu'à ce jour, toute la sagesse humaine sera dans ces deux mots : attendre et espérer… Il y a lieu de souligner les effets secondaires des traitements, dont les principaux sont des anomalies dans la répartition du tissu adipeux (lypodistrophie) et une augmentation du risque cardiovasculaire. De nouvelles molécules Pour vaincre les problèmes de résistance et d'effets secondaires, la mise au point de nouveaux traitements reste donc essentielle. La dernière-née de ces armes contre le VIH (le T20 - Fuzeon®)5est disponible depuis 2003 aux Etats-Unis et en Europe. Il s'agit cette fois d'un inhibiteur de fusion, molécule qui s'attaque au virus avant même qu'il ne pénètre dans la cellule. Comme son nom l'indique, ce traitement l'empêche de fusionner avec la membrane de la cellule, prévenant l'entrée du patrimoine génétique du virus. Ce médicament devrait dans un premier temps être utilisé chez les malades en échec thérapeutique. Les autres traitements attendus sont, notamment, de nouveaux inhibiteurs de l'entrée du virus dans la cellule et d'autres antiprotéases. Des recherches sont également menées pour trouver une molécule capable de bloquer l'entrée du matériel génétique du virus dans le noyau des cellules infectées Plus de 20 essais sont actuellement menés dans le monde, afin de mettre au point un vaccin efficace. L'un d'eux sera peut-être l'arme tant souhaitée pour mettre fin à plus de 20 ans d'épidémie. En attendant, les traitements ne doivent pas faire oublier la prévention Sources Doctissimo Santé de A à Z 1983 : découverte du VIH/Sida Depuis sa découverte en 1983 par l'équipe du professeur Montagnier, des scientifiques du monde entier se sont penchés sur le virus du Sida (VIH). Même s'il a livré beaucoup de secrets, il reste aujourd'hui difficile de contrer cette maladie. En effet, le VIH n'est pas un virus comme les autres. Il s'attaque à nos défenses immunitaires, détruisant les lymphocytes T, qui comptent parmi les soldats chargés de défendre notre organisme contre les infections. Privé d'une partie de son armée, notre corps ne peut plus lutter contre les maladies opportunistes (qui profitent des faibles défenses de l'organisme pour se développer et parfois entraîner la mort). C'est pourquoi il est si compliqué de contrer le VIH : difficile de mobiliser nos défenses, considérablement affaiblies. Enfin, les mutations incessantes de ce virus si singulier ont rendu inefficaces bien des composés, pourtant prometteurs lors d'expériences en laboratoires. Mais différentes avancées ont néanmoins permis de faire reculer le Sida et redonné espoir à des millions de personnes. 1987 : premier composé antirétroviral Le VIH est un microbe très particulier : il s'agit d'un rétrovirus. C'est-à-dire que son matériel génétique est sous une forme d'ARN, une molécule proche du fameux ADN qui contient le patrimoine des cellules humaines. Ainsi, pour infecter les lymphocytes, il doit transformer son patrimoine en ADN grâce à une enzyme particulière : la transcriptase inverse. Cette molécule spécifique du virus a été la cible des premiers traitements disponibles dès 1987. Baptisés inhibiteurs de la transcriptase inverse, ils ont permis de réduire la multiplication du virus et de maintenir le taux de lymphocytes T, ralentissant ainsi l'évolution de la maladie. Le premier d'entre eux fut la zidovudine, plus connue sous le nom d'AZT. 1996 : arrivée des trithérapies A mesure que l'histoire naturelle du virus dans l'organisme était dévoilée, d'autres moyens de lutte apparaissaient. Une fois introduit dans sa cellule hôte, le virus va produire de nombreuses protéines, nécessaires à la fabrication de nouveaux virus. Mais pour produire ces éléments, il faut une enzyme, la protéase, qui va en quelque sorte donner la touche finale et rendre les différents éléments fonctionnels. Les inhibiteurs de protéases empêchent cette dernière étape, bloquant la production de nouveaux virus. Ainsi, dès 1995, était disponible le premier composé de cette nouvelle classe thérapeutique : le Saquinavir4. Dès 1996, le traitement de l'infection à VIH s'est orienté vers la combinaison de plusieurs traitements : les trithérapies (par exemple association d'une antiprotéase et de deux inhibiteurs de la transcriptase inverse). Ces nouvelles approches ont révolutionné le traitement de la maladie, rendant indétectable le virus dans le sang et empêchant ainsi l'évolution du Sida. Le virus fait de la résistance Aujourd'hui, les traitements du Sida ont énormément progressé. Mais la lutte est loin d'être gagnée. Ainsi, les trithérapies ne permettent pas d'éliminer totalement le virus : en cas d'arrêt du traitement, il sort du réservoir et réapparaît aussitôt. De plus, se pose désormais le problème de l'apparition de résistances. Grâce à ses mutations incessantes et incontrôlées, le virus peut devenir insensible à un ou plusieurs composés. Pas moins de 5 à 10% des malades sont, d'ailleurs, en échec thérapeutique, à cause de résistances multiples au traitement. Certes, des progrès ont été réalisés, puisque l'on peut maintenant tester le «profil» du virus au cas par cas pour connaître les molécules auxquelles il est sensible. Ce diagnostic préalable permet ainsi un traitement adapté. Vaccin : l'espoir déçu… pour l'instant L'année 2003 a tristement marqué la recherche d'un vaccin contre le Sida. En effet, les premiers résultats de l'étude la plus aboutie menée en Ouganda ont été négatifs : le vaccin utilisé ne procurait aucune protection contre le VIH7. Mais ce produit utilisait une protéine présente à la surface du virus, afin de provoquer la fabrication d'anticorps (molécules capables de se fixer sur les intrus dans l'organisme afin d'aider à leur destruction). Or, de nombreux spécialistes s'accordent aujourd'hui pour penser que cette seule approche ne peut éradiquer le virus. Il faut réussir à activer les défenses de l'organisme capables de s'attaquer au virus caché au coeur des cellules8. C'est pourquoi les vaccins testés aujourd'hui utilisent des gènes du VIH transportés par des vecteurs, sortes de "faux" virus. D'autres essais utilisent des molécules chargées de stimuler le système immunitaire. Enfin, plusieurs recherches visent à produire un vaccin thérapeutique, dont le but n'est pas de protéger contre l'infection, mais de lutter contre le virus chez les séropositifs. On peut ainsi retarder l'apparition des symptômes caractéristiques de la maladie ou limiter le recours aux antirétroviraux… mais à ce jour, aucun malade n'a réussi à éliminer le virus après avoir été infecté. Plus de 20 essais sont actuellement menés dans le monde, afin de mettre au point un vaccin efficace. L'un d'eux sera peut-être l'arme tant souhaitée pour mettre fin à plus de 20 ans d'épidémie. En attendant, les traitements ne doivent pas faire oublier la prévention. En France, 40.000 personnes seraient porteuses du virus sans le savoir et 600 décès lui sont imputables chaque année. Jusqu'à ce jour, toute la sagesse humaine sera dans ces deux mots : attendre et espérer… Il y a lieu de souligner les effets secondaires des traitements, dont les principaux sont des anomalies dans la répartition du tissu adipeux (lypodistrophie) et une augmentation du risque cardiovasculaire. De nouvelles molécules Pour vaincre les problèmes de résistance et d'effets secondaires, la mise au point de nouveaux traitements reste donc essentielle. La dernière-née de ces armes contre le VIH (le T20 - Fuzeon®)5est disponible depuis 2003 aux Etats-Unis et en Europe. Il s'agit cette fois d'un inhibiteur de fusion, molécule qui s'attaque au virus avant même qu'il ne pénètre dans la cellule. Comme son nom l'indique, ce traitement l'empêche de fusionner avec la membrane de la cellule, prévenant l'entrée du patrimoine génétique du virus. Ce médicament devrait dans un premier temps être utilisé chez les malades en échec thérapeutique. Les autres traitements attendus sont, notamment, de nouveaux inhibiteurs de l'entrée du virus dans la cellule et d'autres antiprotéases. Des recherches sont également menées pour trouver une molécule capable de bloquer l'entrée du matériel génétique du virus dans le noyau des cellules infectées Plus de 20 essais sont actuellement menés dans le monde, afin de mettre au point un vaccin efficace. L'un d'eux sera peut-être l'arme tant souhaitée pour mettre fin à plus de 20 ans d'épidémie. En attendant, les traitements ne doivent pas faire oublier la prévention Sources Doctissimo Santé de A à Z