Debout. Samedi soir, le public nombreux de la salle du théâtre national Mahieddine Bachtarzi d'Alger a applaudi le spectacle de la chorale El Hajra de l'Institut supérieur de musique de Damas. «Nous vous proposons un voyage en Syrie», a lancé Missak Baghboudarian, chef d'orchestre. Habillés de tenues traditionnelles syriennes exprimant toute la profondeur civilisationnelle de cette région du monde, les choristes ont interprété plusieurs morceaux du patrimoine musical syrien et irakien. Accompagnés de hautbois, de violoncelle, de clarinette et de «tar», ils ont chanté en parfaite polyphonie El hilwa di, Al rozana, Ya asmari el loun, Ya wared al bir, Al lahbab nassim ya hawa bladi, Talha min bit abouha (chanson universalisée par la célèbre reprise de l'Irakien Nadhem El Ghazali)… L'interprétation est parfois très théâtrale, lorsque un choriste se détache du groupe pour exprimer tout son amour à sa voisine de rang ! Youm ma cheftek ya kamar ! (Depuis que je t'ai vu ô lune !), a-t-il interprété. Missak Baghboudarian a repris brièvement la parole pour dire que la Palestine demeure toujours dans les cœurs. D'où la reprise de deux célèbres chansons : Moual el hawa et Zahratou al madaïne (La fleur des villes) de Faïrouz. Dans un mélange de chants liturgiques chrétiens et du madih Talaâ al badrou, la chorale a magistralement interprété cette chanson dédiée à Al Qods. Le public a été pris par une forte émotion liée à ce qui s'est passé récemment à Ghaza, mais également au drame du peuple syrien. Un drame qui semble n'avoir aucune fin dans l'indifférence générale. Les bébés syriens meurent de froid dans les camps de réfugiés ? Qui s'en soucie ? Créée en 2001 par Solhi El Wadi, fondateur de l'Institut supérieur de musique de Damas, la chorale El Hajra interprète tous genres de chants. Cela va du patrimoine populaire syrien au tarab el arabi, en passant par la pop et le jazz. Samedi soir, le public a fait également la découverte de la musique symphonique sud-africaine avec le quintet Ionians, dirigé par Arthur Matlhatsi. L'ensemble a notamment interprété des morceaux composés, entre autres, par Sibiya et Majapeloa. Venu de l'autre bout du monde, Quiteto Clasico de Merida du Mexique a présenté un programme varié dont la célèbre valse Sobre las olas (sur les vagues) du compositeur mexicain Juventino Rosas.