Mouloud Arab, 75 ans, père de disparu, et inculpé de « distribution de tracts subversifs portant atteinte à l'intérêt national », a été acquitté le 27 mars dernier, selon un communiqué du Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie (CFDA) et SOS Disparu(e)s. Le 15 septembre 2005, en pleine campagne pour le référendum sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, Mouloud Arab a été arrêté par quatre policiers alors qu'il s'apprêtait à quitter le lieu de rassemblement des Familles de disparu(e)s qui se tient chaque mercredi devant la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH) à Alger. Emmené au commissariat du boulevard des Martyrs vers midi, le vieil homme est resté trois heures en garde à vue, inculpé de distribution de tracts intitulés « Oui à la Vérité et à la Justice. Non au référendum ». Il a été interrogé par un agent sur sa vie, passé et présent, qui lui a enfin demandé pourquoi il diffusait des tracts et s'il en avait dans son domicile. M. Arab a été relâché vers 15h, mais sa carte nationale d'identité a été confisquée, il a alors été convoqué le samedi 17 septembre 2005, à 8 h, afin qu'il récupère ses papiers. Il a été mis sous contrôle judiciaire en attendant d'être jugé. Mouloud Arab vivait depuis lors dans l'incertitude et l'angoisse, témoignent les deux ONG de proches de disparus. Il fallait attendre le 20 mars 2006 pour que M. Arab soit jugé, après plusieurs reports dont le premier parce que celui-ci était tombé gravement malade et a été hospitalisé. Lors du procès, le procureur de la République a requis 6 mois ferme pour la distribution du tract alors que maîtres Amine Sidhoum, Hassiba Boumerdassi et Hamid Aïssani, les avocats de M. Arab, demandaient la relaxe. « Le Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie et SOS Disparu(e)s se félicitent de cette décision et espèrent qu'elle sera suivie d'effet devant l'avenir incertain qu'augurent l'ordonnance et les décrets d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale », ont indiqué les deux ONG ajoutant que « ces textes qui prônent l'impunité et violent toutes les Conventions internationales que l'Algérie a signées et ratifiées vont à l'encontre de la liberté d'expression des familles et de la reconnaissance de leurs droits les plus fondamentaux ».