La commission administrative de l'UGTT a annulé la grève générale prévue pour aujourd'hui en Tunisie. Le syndicat a toutefois maintenu la pression en lançant un ultimatum au gouvernement. C'est un bras de fer stupéfiant entre l'UGTT et le gouvernement qu'a vécu la Tunisie ces derniers jours. Il a fallu attendre les dernières 48 heures pour que le gouvernement appelle à des négociations avec l'UGTT pour trouver une issue négociée à la crise secouant le pays et annonçant un dérapage dangereux. Finalement, un accord a été obtenu à l'arraché, mardi en fin d'après-midi, mais il doit être validé par la commission administrative du syndicat. Le projet d'accord consiste en premier lieu en un engagement de la part du gouvernement à présenter des excuses officielles à l'UGTT suite aux incidents du 4 décembre, ainsi qu'une condamnation par le gouvernement des violences exercées par les ligues de protection de la révolution. Il s'agit aussi de constituer une commission conjointe UGTT-gouvernement pour enquêter sur les événements du 4 décembre, avec un engagement du gouvernement à accélérer la publication des résultats de l'enquête (dix jours pour la composition de la commission et un mois pour les résultats). Enfin, l'UGTT déposera une plainte judiciaire contre les ligues de protection de la révolution en vue de leur dissolution. Cet accord n'a pas été facile à valider auprès de la commission administrative de la centrale syndicale, dont l'aile dure voulait maintenir la pression sur le gouvernement. «Ce n'est pas la première fois que le gouvernement fait des promesses. Il ne les a jamais tenues», s'inquiète le secrétaire général du Syndicat de l'enseignement secondaire, Lassaâd Yaakoubi. Pour sa part, Sami Tahri, membre du bureau exécutif et porte-parole de l'UGTT, pense que «la violence devrait être bannie de la scène politique. Or, ce sont ces ligues de protection de la révolution qui sont derrière ces dépassements. Il faut donc les éradiquer». Avec l'annulation de la grève, c'est la première mi-temps qui a été achevée. Reste l'application de cet accord. C'est une autre histoire. «Le gouvernement d'Ennahda n'a jamais tenu parole», indique le syndicaliste universitaire Moncef Ben Slimane.