Le président tunisien Moncef Marzouki a décidé d'annuler ses visites prévues cette semaine en Pologne et en Bulgarie pour tenter de désamorcer les tensions dans son pays, alors qu'une grève générale est prévue jeudi, a indiqué mardi la présidence dans un communiqué. "Le président a décidé de reporter à une date ultérieure ses visites programmées en Pologne et en Bulgarie les 13, 14 et 15 décembre en raison de la situation délicate dans le pays et de la montée des frictions politiques", selon ce communiqué. M. Marzouki compte "travailler pour réduire les tensions", alors que des négociations étaient en cours mardi après-midi entre le gouvernement et le principal syndicat du pays, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) pour trouver un compromis afin que la centrale annule la grève de jeudi. La principale revendication de l'UGTT est la dissolution de la Ligue de protection de la révolution, une sorte de milice aux méthodes brutales soutenant le parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement tunisien. Les syndicalistes accusent cette Ligue d'avoir attaqué dans l'impunité la semaine dernière un cortège de l'UGTT. Les relations entre le syndicat et Ennahda, les deux plus importantes forces du pays, se sont tendues ces dernières semaines, et nombre d'observateurs craignent que ce conflit ne provoque de nouvelles vagues de violences dans le pays. Dans son histoire, l'UGTT, qui revendique un demi-million de membres, n'a appelé qu'à deux grèves nationales, l'une en 1978 dont la répression a fait des dizaines de morts, et une autre de deux heures, le 12 janvier 2011, deux jours avant la chute du régime de Ben Ali. Alors qu'elle fêtera le 17 décembre les deux ans du début de sa révolution, la première du Printemps arabe, la Tunisie a vu se multiplier ces derniers mois les foyers de tensions tant sur le plan politique que social, ainsi que des violences attribuées pour une part au mouvement salafiste.