Les relations économiques algéro-françaises sont-elles en passe d'évoluer vers un véritable partenariat fondé sur «l'intégration» et «le partage de valeur ajoutée» ? Un partenariat «stratégique» gagnant-gagnant ? Alors que le gouvernement algérien ambitionne de diversifier son économie et ses exportations, le gouvernement socialiste français souhaite renforcer et élargir la position des entreprises françaises en Algérie. En visite à Alger, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a parlé de pacte de «coproduction», Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur de «colocalisation. Jean-Pierre Raffarin, vice-président du Sénat français (reconduit par le président Hollande dans sa mission de relance de la coopération économique entre la France et l'Algérie et du développement des investissements) et Cherif Rahmani, ministre de l'Industrie ont annoncé courant novembre avoir posé les bases d'une «nouvelle approche du partenariat économique» entre les deux pays, une approche basée sur «l'intégration et le partage de valeur ajoutée». Et d'annoncer que cinq filières stratégiques ont été identifiées par les deux parties : automobile, pétrochimie, pharmacie, matériaux de construction et agroalimentaire. La nouvelle démarche est globale, elle devrait concerner tant l'expertise des projets en Algérie jusqu'à l'accompagnement à l'exportation sur les marchés internationaux, en passant par la formation. Aussi du côté du gouvernement français une mission commune – ministère du Redressement productif et du Commerce extérieur – de réflexion et d'analyse qui va faire un certain nombre de propositions est conduite par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. L'idée repose sur la construction avec l'Algérie et plus globalement avec le Maghreb d'un partenariat pour faire face à la mondialisation et avoir pied sur le marché africain. La délocalisation s'appuierait sur des entreprises françaises ayant des filiales en Algérie, nous a-t-on affirmé de source autorisée. Quant à l'implantation d'entreprises algériennes en France, la décision relève de ces mêmes entreprises, estime notre source. Pour ce qui est de l'entrée d'entreprises algériennes dans le capital d'entreprises françaises, là aussi, la balle est renvoyée aux entreprises et aux autorités algériennes. Il nous est fait remarquer que le climat des affaires est globalement assaini, les obstacles réglementaires qui subsistent du côté algérien devraient être progressivement levés, et que l'adhésion de l'Algérie à l'OMC serait un élément facilitateur des échanges franco-algériens. «Une relation commerciale conséquente» Face à la concurrence d'entreprises européennes et autres qui se dessinent en Algérie, les Français restent sereins, avançant que la relation économique franco-algérienne reste, pour la France, «une relation d'exception». «C'est une relation commerciale conséquente», le marché algérien étant un des principaux débouchés de la production française à l'international. Le seul bémol est la réduction du nombre des PME qui commercent avec l'Algérie, relève notre source et d'expliquer que «c'est peut-être dû aux tensions politiques dans les relations entre la France et l'Algérie de ces dernières années». Et de considérer que le changement politique à la tête de l'Etat français avec l'élection de François Hollande pourrait avoir sur les PME françaises un effet incitatif. La partie française considère que ses principaux atouts résident dans sa proximité géographique et culturelle avec l'Algérie, dans la relation très forte entre les deux communautés d'affaires qui se connaissent. «On a avec l'Algérie une relation de proximité, des rapports politiques de qualité. On a toutes les chances de notre côté pour conserver cette relation privilégiée», relève-t-on encore de source autorisée. «L'Algérie est une terre d'investissements, d'échanges, de croissance et de partenariats durables et solides, la France y croit et invite les PME de France à s'y engager», déclarait la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, devant la Chambre de commerce et d'industrie algéro-française le 25 septembre dernier à Alger. Aussi la ministre du Commerce extérieur «(veut) que la destination Algérie devienne une évidence pour les entreprises de tous les secteurs, qu'il s'agisse d'agro-alimentaire, d'industrie, de nouvelles technologies, de services….» Quelque 450 entreprises françaises sont actives en Algérie. C'est un impératif pour l'économie française qui, comme la plupart des économies européennes, fait face à une crise sévère alors que le marché algérien enregistre une prospérité enviable avec une enveloppe de 296 milliards de dollars consacrée au programme quinquennal 2010-2014. L'Algérie a, pour sa part, besoin de construire son industrie, de diversifier son économie, ses exportations, de transfert de technologie, d'accéder aux nouvelles technologies, de former ses cadres, autant de domaines ouverts à un partenariat mutuellement bénéfique.