Arnaud Montebourg, le monsieur «Consommez made in France» se trouve depuis hier à Alger, alors que la polémique Longuet est toujours vive du côté algérien. La présence du ministre français du Redressement productif, au-delà de son aspect purement protocolaire, s'inscrit dans la logique de Paris d'une appropriation de l'espace et d'une présence de tous les instants. Depuis l'investiture de François Hollande, de nombreux ministres se sont rendu en Algérie pour préparer certainement le terrain à un accord des plus importants que parapheront les deux présidents, lors de la visite à El Mouradia, prévue pour décembre, du locataire de l'Elysée. Même si les deux parties n'évoquent pas ouvertement cette possibilité, il est fort à parier que l'Algérie et la France s'apprêtent à donner à leurs relations bilatérales, un cachet particulier, pour ne pas dire exceptionnel. L'hôte d'Alger ne le cache pas et indique que son voyage entre dans le cadre de la prochaine visite du président français, François Hollande, dans le pays, la qualifiant de « nouvelle ère » entre les deux Etats. Quid du bras d'honneur sénatorial ? Il est fort à parier que le sujet sera éludé ou à la limite, M. Montebourg rappellera la position de son gouvernement, une réaction officielle qui faut-il le souligner, a été qualifiée de très tiède par de nombreux observateurs algériens. Outre l'aspect politique de cette visite, la présence de ministres français accentue la volonté de Paris de favoriser un partenariat économique tous azimuts avec l'Algérie. En envoyant des ministres « démarcheurs », la France cherche aussi de nouvelles opportunités de marchés à ses fleurons de l'industrie en ces temps de crise. Ainsi, les dossiers de partenariat et d'investissements ont été au cœur des discussions avec Chérif Rahmani, ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement. Les deux ministres auront, à coup sûr, à défricher le cas Renault, un dossier éminemment politique, et préparer la prochaine visite de Monsieur «Algérie», Jean Pierre Raffarin, attendu dans les prochains jours, dans la capitale algérienne pour justement évoquer l'installation de Renault à l'ouest du pays. Rappelons que la venue de Montebourg intervient après celle de la ministre française du Commerce extérieur, Mme Nicole Bricq, en septembre dernier. A cette occasion, le ministre de l'Industrie, Cherif Rahmani, avait souligné les nombreuses opportunités de partenariat qui existent dans divers domaines industriels, tels que l'industrie mécanique, la sidérurgie, le ciment, le médicament, les technologies de l'innovation et la sous-traitance. Il a émis en compensation, le souhait que la partie française contribue à la mise à niveau et à la qualité des entreprises algériennes, ainsi qu'à la formation, dans le but de développer les métiers industriels et le management en partenariat avec les grandes écoles françaises. Lors de son entretien, hier, avec le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi, M. Montebourg a précisé que la téléphonie mobile, la modernisation postale et l'investissement dans la fibre optique sont des chantiers « concrets et constructifs » dans lesquels les deux pays peuvent coopérer. Il soulignera que les volontés des deux pays convergent vers un objectif identique, celui d'une relance économique passant par une réindustrialisation pour l'Algérie et un redressement industriel et productif pour la France. Il est attendu également que les deux parties doivent signer, prochainement, un mémorandum d'entente pour la mise en place d'un cadre général pour le partenariat bilatéral dans le domaine commercial. Ce mémorandum englobera tous les traités et conventions bilatéraux signés auparavant entre les deux pays. En vertu du mémorandum, il sera procédé au renforcement des capacités algériennes puisque le pays bénéficiera de l'expertise française dans plusieurs domaines comme le projet optimexport pour le renforcement des capacités d'exportation des petites et moyennes entreprises algériennes et le soutien au Laboratoire national d'essais. L'Algérie bénéficiera également de l'expérience française en matière d'organisation des marchés et de contrôle de la qualité, d'autant plus qu'elle a adopté récemment une série de mesures pour l'éradication du marché informel.