A travers le code de la famille, la société algérienne est confrontée à un enjeu majeur qui conditionne son évolution et son ancrage dans la voie du développement. Très profondément restrictif, ce code maintient la femme algérienne dans un statut mineur relativement à un grand nombre d'actes relevant de l'activité économique et sociale, lui enlevant notamment la capacité d'engager sa décision dans des questions aussi cruciales que celles du mariage, de la liberté de circulation reconnue à tout individu, ou encore celle liée à l'héritage. Autant de dispositions qui, dans l'accomplissement des actes de la vie quotidienne, ne font pas de la femme algérienne l'égale de l'homme et donc une citoyenne à part entière. Cette situation ne reflète pourtant pas la place qu'occupe la femme algérienne dans la société en termes de présence marquée à tous les paliers de l'activité économique et sociale. C'est à cet égard que le code de la famille constitue un déni manifeste de la part prise par la femme algérienne dans l'avancée de la société. Cette part n'est pas qualifiée à l'aune de la capacité que la femme algérienne a d'assumer avec compétence sa fonction au même titre que l'homme, mais par rapport à une féminité définie comme disqualifiante dès qu'il s'agit pour la femme de prendre les décisions qui engagent son destin. C'est cette discrimination qui pèse de tout son poids sur la possibilité de mettre en œuvre le principe d'égalité dans la société algérienne. La condition féminine ne peut être vécue alors que comme une fatalité à partir du moment où une femme juge ou médecin, voire même ministre peut accéder à des responsabilités éminentes dans les sphères de l'Etat tout en étant reléguée à un rang mineur du fait qu'un grand nombre des actes de sa vie personnelle dépendent d'autorisations auxquelles elle est assujettie dans nombre de cas de figure. Cette marginalisation outrée est l'illustration d'une vision rigoriste et conservatrice de la femme qui se donne les assises du justificatif religieux pour fonctinner en actionnant les préjugés et les interdits qui valident de fait la mise à l'écart de la femme. Il est significatif que la mouvance islamiste fasse pression sur le thème de la place de la femme dans la société au moment où l'Algérie engage le tournant d'une plus grande insertion dans le mouvement de la mondialisation dont l'interface est une plus grande productivité sur le plan interne. La pleine inscription dans la logique économique de la globalisation suppose que le pays n'a d'autres choix que celui de devoir compter sur l'ensemble de ses forcces, la disparité entre les sexes volant en éclats devant la nécessité du développement qui ne peut être conduit qu'avec pragmatisme. L'élément exogène représenté par l'ouverture du pays à un plus grand partenariat participe également à mettre à mal les forces hostiles au changement, et il s'ajoute au combat des femmes algériennes, à celui des courants démocratiques dans la société qui refusent d'amalgamer le sort de l'évolution du pays à des considérations fondées sur une discrimation obscurantiste. C'est cette tendance lourde à l'ouverture, encouragée au demeurant par une poussée des grandes stratégies économiques que s'assigne le pays, qui ébranlent d'autant plus fortement les positions de la mouvance islamo-conservatrice qu'elle n'a plus le contrôle exclusif de cette problématique dont la gestion lui est contestée par d'autres acteurs économiques, politiques et sociaux. Les amendements, voire l'abrogation du code de la famille sont des demandes pressantes d'une société dont le dévelopement ne peut pas être inégal et ne peut surtout pas se faire indéfiniment contre l'avenir de la femme.