Des enfants de harkis et d'immigrés algériens expriment leur volonté commune de se réapproprier « les mémoires confisquées » de leurs parents. Lors d'une conférence de presse jeudi soir à l'Assemblée nationale, ils ont rendu public un manifeste dans lequel ils précisent que par cette initiative, ils souhaitent, « à l'heure où l'Algérie et la France s'apprêtent à signer un traité d'amitié », « être acteurs de cette réconciliation qui ouvrira une nouvelle page dans la relation entre les deux pays ». « Nous souhaitons ensemble nous approprier notre histoire et en assumer toutes ses parts d'ombre et de lumière. » « Nos parents, par choix, hasards ou nécessités se sont retrouvés dans des camps différents durant la guerre d'Algérie. De part et d'autre de la Méditerranée, les acteurs de cette guerre ont été classés selon une dualité simpliste : les bons d'un côté, les mauvais de l'autre. » « Nous avons besoin de retisser la trame de cette mémoire confisquée, de cette filiation occultée. Nous sommes déterminés à faire en sorte que les Français et les Algériens acquièrent une connaissance globale de ce passé douloureux, mais partagé. Il nous faut établir la vérité historique, toute la vérité, et faciliter le travail des historiens des deux rives. » Le manifeste propose de commémorer ensemble « deux dates symboliques, fil d'Ariane de ce passé enfin assumé : la journée du 25 septembre dédiée aux harkis et celle du 17 octobre 1961. En reliant les deux dates, nous voulons assumer notre héritage dans la reconnaissance, la dignité et la fraternité ». A l'origine de cette initiative, Fatima Besnaci-Lancou (auteur du livre témoignage Fille de harkis, éd. de l'Atelier, 2003, et présidente de l'Association harkis et droits de l'homme, récemment créée), coordinatrice, Yazid Sabeg, (fils d'immigrés, chef d'entreprise), Khadidja Bourcart (fille d'immigrés, adjointe au maire de Paris).