Sensible au statut marginal et à la vulnérabilité manifeste de dizaines de milliers de travailleurs migrants, aggravés par la crise économique, les catastrophes naturelles et les bouleversements politiques qui ont frappé le monde ces derniers temps, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a choisi de placer, cette année, la célébration mardi dernier -18 décembre - de la journée internationale des migrants sous le thème «Les travailleurs migrants frappés par les crises ont besoin d'une aide durable et globale». L'agence intergouvernementale est particulièrement soucieuse de la situation dramatique que vivent ceux originaires de pays en développement à faible revenu qui, balayés par les bouleversements politiques, se sont retrouvés sans argent, sans emploi, sans document, ni aucun moyen de rejoindre leur famille restée au pays, est-il souligné dans un communiqué de l'OIM parvenu à notre rédaction. «Nos actions en 2013 seront axées sur les besoins et les aides à apporter aux travailleurs migrants pris au piège dans les pays en conflits armés tels que la Syrie et autres pays africains et qui ne peuvent pas retourner dans leur pays d'origine. Des budgets conséquents seront également consacrés aux pays qui n'ont pas les moyens financiers et logistiques pour évacuer leurs ressortissants», a indiqué, à partir de Genève, Jean-Philippe Chauzy, porte-parole de l'OIM, joint par téléphone, ajoutant : «La réintégration de milliers de travailleurs migrants issus de pays où sévit l'insécurité alimentaire et qui ont contribué à l'économie des pays d'accueil, actuellement en crise, est l'autre priorité de l'OIM.» Pour l'agence d'aide et de défense des droits des migrants et son porte-parole, c'est la crise libyenne qui a ouvert les yeux du monde entier sur l'étendue de l'impact sur les travailleurs migrants et les crises humanitaires que peuvent générer les conflits et les crises économiques actuels qui frappent le monde. En témoignent les quelque 250 000 travailleurs étrangers ayant été évacués vers leur pays d'origine (Bangladesh, Sri Lanka, Mali, Tchad, le Niger…) suite au conflit libyen. Ces opérations de rapatriements massifs, dont le montage financier a dépassé les 115 millions de dollars, ont pu être réalisées grâce à des donateurs internationaux qui sont intervenus pour aider des organismes tels que l'OIM et le HCR. Parmi ces donateurs, la Banque mondiale a, à elle seule, financé le transport aérien de 35 000 migrants vers le Bangladesh, organisé par l'OIM pour un coût de 10 millions de dollars, précise le porte-parole de l'OIM aux yeux duquel cette crise «a montré que les crises économiques, les conflits et les catastrophes naturelles ou provoquées par l'homme peuvent avoir un impact sur des migrants déjà vulnérables et, ce faisant, déboucher sur des crises humanitaires», appelant la communauté internationale, surtout les pays d'origine et d'accueil à «reconnaître les conséquences des crises pour les migrants et leur famille restée au pays». C'est pourquoi, ajoutera-t-il, il leur fait appel pour «intervenir en vue d'en atténuer les conséquences à courte et moyenne échéances». Le cadre opérationnel de l'OIM en cas de crise migratoire, que le conseil – l'organe directeur de l'OIM − a approuvé le 27 novembre dernier, entend, justement, structurer la capacité de l'organisation à répondre aux crises migratoires et à combler certaines des lacunes actuelles concernant la migration économique dans les dispositifs humanitaires internationaux, a conclu J P Chauzy.