Le désenchantement né de la délocalisation de l'implantation de l'usine Renault vers la wilaya d'Oran, remet sur la table la problématique de l'enclavement de la wilaya de Jijel, en dépit des attentions des pouvoirs publics. L'affaire de Renault a le mérite de réveiller une wilaya qui somnole trop, croyant même, parfois, être sortie du tunnel. Force est de constater qu'il n'en est rien encore, bien qu'on ne puisse nier les efforts importants entrepris jusque-là. Si les intentions et les projets programmés laissent entrevoir un réel désenclavement de la région à l'avenir, la réalité à laquelle font face tant les opérateurs économiques que la population, est loin d'être reluisante. Il suffit de jeter un regard sur les quatre portes de sortie de wilaya vers les autres régions. Le traditionnel axe menant vers Constantine via la RN43 puis la RN27 est devenue source d'angoisse pour les automobilistes du fait de sa saturation, principalement durant la saison estivale. Si le tronçon de la RN43 (Jijel-El Milia) est devenu fluide après les travaux de dédoublement de la voie qui ont été depuis livrés, le deuxième tronçon (RN27 El Milia-Constantine), est la principale source de crainte des automobilistes. En effet, cette partie de la route nationale ne semble pas retenir le regard des autorités des wilayas de Constantine et Mila, puisque pour la partie de Jijel, les études pour le dédoublement de la voie sur 24 km ont été achevées et une demande d'inscription formulée. Le tronçon relevant de la wilaya de Constantine est, sans conteste, celui qui retient le moins l'attention des autorités. Pourquoi ? A l'ouest, la situation est encore pire avec le report aux calendes grecques de la livraison des tunnels et des travaux de modernisation de la RN43 entre Sahel et Melbou, dans la wilaya de Béjaïa. Les automobilistes sont astreints depuis…3 ans, à emprunter la dangereuse déviation de Boulzazen, que ne peuvent prendre les poids lourds au risque de se retrouver au fond de quelque ravin. Cette situation, qui a aussi trop duré, a fait réagir les populations, asphyxiées tant du côté de Ziama Mansouriah (Jijel) que celui de Melbou (Béjaïa). L'axe desservant le nord-est ne présente guère plus d'avantages. Ce tronçon de la RN43 qui relie El Milia à Skikda, demeure encore trop dangereux du fait des lacets qui caractérisent son tracé. Là aussi, du côté d'El Milia, en allant vers Aïn Kechra, des travaux de modernisation sont en cours de finalisation, de même d'ailleurs que dans certains tronçons de la wilaya de Skikda, mais l'état général de la route autant que sa localisation sont loin de constituer une bouée de sauvetage pour la région de Jijel. Reste enfin l'axe nord-sud qui part de Jijel vers El Eulma à travers la fameuse RN77 dont les vœux de modernisation datent d'au moins une vingtaine d'années ! Ce tronçon dont certaines parties seront inondées par le barrage de Tabellout, est loin d'être une panacée, même pas un ersatz. Outre les sections dégradées entre Kaous et Texenna du fait de la géologie du terrain -connu pour être instable -, la partie qui longe le futur barrage de Tabellout est parsemée de nids-de-poule alors que l'innommable déviation de Dar Cherif -ressemblant plus à une piste- fait perdre plus de 40 minutes aux usagers de cette route nationale. Avec de tels débouchés, la wilaya, en dépit des améliorations réalisées intra-muros, demeure incontestablement dans un état d'enclavement qui ne dit pas son nom. Le bout du tunnel tarde vraiment à pointer.