En marge du 2e Salon des produits dérivés du palmier, Youcef Ghemri, président de l'Association des conditionneurs et exportateurs de dattes, confie à El Watan ses préoccupations de professionnel du secteur de la phoeniciculture. - Quel bilan faites-vous de la saison écoulée en matière d'exportation de dattes ?
Grâce aux mécanismes mis en place par le le ministère de l'Agriculture (tels que l'organisation de la filière et les crédits R'fig), à la participation effective du ministère de l'Industrie et des PME-PMI qui a encouragé la mise à niveau des unités de conditionnement en lançant le programme Deved GIZ, aux facilités douanières et à la coopération efficace de la direction régionale du port d'Alger, nous avons exporté 25 000 tonnes de dattes. Pour nous, c'est un bilan positif, même si des difficultés persistent.
- Pouvez-vous préciser la nature de ces difficultés entravant le développement des exportations de dattes algériennes ?
En premier lieu, c'est l'inaction du ministère du Commerce qui peine à combattre les cohortes de spéculateurs activant dans le commerce des dattes qui nous pénalise le plus. Tant que les dattes continueront à circuler à l'intérieur du territoire national à l'état brut, sans aucune indication de traçabilité, de pesage et de destination, les prix resteront élevés et donc non concurrentiels. Le troc qui est autorisé pour les wilayas du Grand Sud est détourné de sa vocation première, puisque des quantités de dattes de Biskra sont incluses dans le système en toute illégalité.
- Que répondez-vous aux voix s'élevant ça et là pour dire qu'en dépit des milliards injectés dans le secteur de la phoeniciculture par l'Etat, les performances enregistrées par les exportateurs de dattes restent en deçà des résultats escomptés ?
Je tiens à préciser que l'Etat a fortement soutenu financièrement et techniquement les producteurs de dattes, mais pas les exportateurs et les conditionneurs. Nos dattes souffrent d'un défaut de promotion à l'étranger. A ce propos, je tiens à dire que l'Algex et la Safex, qui ont pour mission justement de promouvoir et de rendre visibles nos produits sur les marché internationaux, n'ont pas les compétences requises pour représenter l'Algérie à l'étranger. Ce sont des entités administratives inopérantes et inefficaces. Nos stands à l'étranger sont des gourbis adossés aux stands des autres pays qui ressemblent à des palais.
- Outre l'exportation des dattes, les opérateurs sont-ils intéressés par le marché des produits dérivés de celles-ci et du palmier-dattier ?
A l'état actuel, les produits algériens dérivés des dattes n'ont aucune chance de passer sur le marché international. Ils sont fabriqués de manière artisanale, sans étiquetage précis ni traçabilité. Même si ce sont des produits de qualité, aux vertus reconnues, leurs processus de fabrication ne sont pas encore normalisés et donc ils ne répondent pas aux critères édictés par la réglementation internationale laquelle garantit la sécurité et la qualité des produits circulant dans le monde.
- Cette saison se déroule-t-elle selon vos prévisions ?
Nous espérons exporter 25 à 28 000 tonnes de dattes vers nos marchés traditionnels et augmenter notre liste de clients asiatiques. Au mois de janvier 2013, nous allons participer au Salon de la datte de Tolga, où nous allons montrer l'étendue de notre savoir-faire en matière d'emballage et de présentation des dattes. L'année prochaine, nous poursuivrons le renforcement du cluster-dattes et nous allons fonder une société algéro-allemande certifiée IFS-ISO, spécialisée dans la production de sucre liquide tiré des écarts de tri. Le Comité national interprofessionnel de la filière datte (CNIFD) travaille d'arrache-pied pour la promotion des produits algériens. Nous sommes optimistes car les potentialités existent bel et bien.