Depuis l'annonce par Hocine Aït Ahmed de son intention de lâcher les rênes de son parti au prochain congrès, les événements semblent s'accélérer au FFS et les opposants à l'actuelle direction du parti se mobilisent en conséquence. La retraite du chef historique ne serait pas sans conséquence pour le parti. Les cadres et militants en désaccord avec l'actuelle direction mettent en garde contre une «normalisation» du parti et appellent à une «mobilisation pour la préservation du FFS». Ainsi, Djamel Zenati et Mustapha Bouhadef, deux figures de premier plan du plus vieux parti de l'opposition, appellent à «un rassemblement sans exclusive de tous les cadres et militants, anciens ou nouveaux, fidèles aux idéaux et aux valeurs du FFS, qui est une exigence morale et une nécessité politique stratégique». Invitant les militants du FFS à une rencontre nationale qui devrait se tenir samedi 5 janvier à Tizi Ouzou, Zenati et Bouhadef estiment, après la décision d'Aït Ahmed de ne pas se représenter lors du prochain congrès au poste de président du parti, qu'«il appartient aux militantes et militants de décider démocratiquement et dans la collégialité de l'avenir de leur instrument historique de lutte démocratique». Les contestataires de l'actuelle direction et de la ligne qu'elle a imprimée au FFS disent «s'opposer résolument et fermement à toutes les tentatives de normalisation du FFS, qu'elles émanent de l'intérieur ou l'extérieur de l'appareil». Dans la perspective du prochain congrès du parti, Zenati et Bouhadef, deux leaders qui mènent la bataille pour «remettre le FFS sur sa ligne originelle», appellent au dépassement des querelles «stériles et les divergences secondaires pour nous hisser à la hauteur des enjeux politiques historiques : construire une grande force politique capable d'imposer un changement radical et pacifique dans notre pays». En proie à une crise politique voire identitaire sans précédent, éclatée au grand jour au moment de la décision de prendre part aux élections législatives de mai 2012, le FFS peine à sortir de la tourmente. Sa participation «tactique» a provoqué la colère des anciens dirigeants du parti ; Zenati, Bouhadef, Bouakouir, Kerboua, Mammeri répliquent vertement à la direction du parti et dénoncent «une compromission avec le pouvoir et des tentatives de dévier le parti de sa ligne originelle». L'appareil du parti, soupçonné d'avoir «contracté un deal avec une partie du pouvoir qui constitue une grave dérive politique et une atteinte à l'éthique démocratique», fait face à une «insurrection des militants» qu'il n'arrive pas encore à «écraser». L'implication directe du chef historique, Hocine Aït Ahmed, dans ce conflit en appelant à «couper les têtes», n'a pas réussi à calmer les ardeurs d'une contestation décidée à «remettre le FFS sur sa trajectoire historique comme instrument de lutte au service de la démocratie». Le premier secrétaire du parti, Ali Laskri, rejette toutes les accusations, mais refuse de prendre langue avec ses anciens camarades. Les deux camps campent sur leurs positions et se livrent une bataille féroce à distance. Le FFS, qui prône la réconciliation nationale comme ligne politique pour sortir le pays de la crise, serait-il en mesure de la réaliser en son sein ? Son prochain congrès – un rendez-vous politique par excellence – constitue pour le FFS, un tournant historique pour recoller ses morceaux. Cette année, il célébrera le cinquantenaire de sa fondation. Ce parti, qui a éveillé des consciences et suscité bien des espoirs face à un autoritarisme du pouvoir, n'a d'autre choix que d'assumer la mission pour laquelle ses fondateurs se sont sacrifiés : la démocratie.