Ce sont quelque 100 000 bouteilles de boissons alcoolisées qui ont été saisies durant l'année 2012 par les éléments de la Gendarmerie nationale à travers les 48 wilayas du pays. Selon un bilan officiel de ce corps constitué, ces saisies – composées de bières, vins et liqueurs – sont justifiées par l'absence de registre du commerce légalisant l'activité de débit de boissons alcoolisées. D'autant plus que cette importante quantité de ces produits fortement réglementés a été saisie lors de son transport par des escadrons de la police routière de la gendarmerie. Et ce n'est que la partie visible de l'iceberg puisque les quantités qui échappent à la saisie sont dix fois plus importantes. Les wilayas sont touchées aux quatre coins de l'Algérie : Tizi Ouzou, Oum El Bouaghi, Souk Ahras, Djelfa, Biskra, Boumerdès, Tébessa, Aïn Defla, Saïda, Tlemcen, Mostaganem, Chlef, M'sila, Aïn Témouchent, Jijel, Bordj Bou Arréridj… Bien qu'exercé depuis toujours, ce commerce illicite des boissons alcoolisées a connu une expansion ces dernières années en raison de la fermeture en masse des bars ; l'opération date de 2000, période où l'islamo-conservateur Abdelaziz Belkhadem était chef de gouvernement. Depuis, précise Ali Hamani, président de l'Association algérienne des producteurs de boissons alcoolisées, cité par TSA, «pas moins de 1200 bars et commerces de boissons alcoolisées ont été fermés ces dernières années partout dans le pays. Dans l'Algérois, sur 90 bars et débits de boissons, il n'en reste que 30». Cette politique de prohibition a donné lieu à l'émergence d'un marché noir de plusieurs milliards qui échappe au fisc et à la moralité publique. «Ces fermetures favorisent l'émergence d'un marché parallèle de vente d'alcool, la création de bars et débits de boissons clandestins très difficiles à contrôler», estime la même source. Outre l'aspect économique dont le manque à gagner se chiffre à plusieurs zéros, celui de la sécurité des biens et des personnes est important. Lieux de prédilection de la criminalité, les buvettes clandestines pullulent aujourd'hui à l'orée des centres urbains. Et il ne se passe pas un jour sans que les services de sécurité enregistrent un délit ou un crime dans ces lieux qui échappent souvent à la sécurité et au contrôle. Mieux encore, la politique de prohibition pratiquée par les pouvoirs publics depuis une dizaine d'années n'a pas influencé la production d'alcool en Algérie. M. Hamani, président de l'Association des producteurs, l'a confirmé : «La production de boissons alcoolisées n'a pas baissé.»