L'opposition tolérée en Syrie a refusé, hier, de participer au dialogue national auquel avait appelé la veille, dans un rare discours, le président Bachar Al Assad afin de mettre fin au conflit qui ensanglante le pays depuis 21 mois. «Nous ne participerons pas au dialogue national avant l'arrêt des violences, la libération des détenus, la garantie que l'aide humanitaire pourra parvenir aux régions touchées et (que soit publié) un communiqué apportant des éclaircissements sur le sort des disparus», a déclaré lors d'une conférence de presse à Damas Hassan Abdel Azim, qui dirige le Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND). «Toute négociation, et pas seulement le dialogue, doit se faire sous l'égide de l'envoyé de la Ligue arabe et de l'ONU (Lakhdar Brahimi) ; il n'y aura pas de négociation ou de dialogue directs entre nous et le régime», a-t-il ajouté. «L'étape du dialogue politique et de la solution politique est passée, ce n'est plus le temps ni le lieu. Il aurait fallu que M. Al Assad propose cette initiative au début des événements, en avril ou mai 2011 au moins, mais il s'était refusé à le proposer et a poursuivi la solution sécuritaire», a-t-il déploré. Raja Al Nasser, secrétaire du bureau exécutif du CCCND, a précisé que sa formation «était et reste pour une solution politique». «Mais ce que M. Al Assad a proposé dans son discours, ce n'est pas une solution politique répondant aux attentes réelles», a-t-il poursuivi, dénonçant «un discours de guerre». Dans un communiqué, le CCCND estime que ce discours «coupe la route à l'initiative de M. Brahimi pour une solution pacifique». Qualifiant son discours d'«irréaliste et irréalisable», le CCCND note que M. Al Assad «exige de ses adversaires qu'ils déposent les armes et le considèrent comme le vainqueur» alors que ce n'est pas le cas sur le terrain. Rejetant les affirmations du régime qui dit faire face à un «complot» de l'étranger, le CCCND dit avoir vu dans ce discours «l'intransigeance du régime qui cherche à garder la mainmise sur le pays». Présentant pour la première fois une feuille de route détaillée, le chef d'Etat contesté a proposé, dimanche, un plan prévoyant l'élaboration d'une charte nationale soumise à référendum avant qu'un nouveau Parlement et un nouveau gouvernement n'émergent des urnes.