Tandis que les malades vivent leurs dernières heures avec toutes les douleurs atroces, ceux qui sont chargés de la réalisation du CAC, lambinent ou sont en quête d'une part du gâteau… Lancé en grande pompe en 2006, le centre anticancer (CAC), en cours de réalisation dans l'enceinte de l'hôpital Ibn Rochd de Annaba, tarde toujours à recevoir les cancéreux de la région Est. Très attendu par ces derniers, ce projet continue d'enregistrer un retard considérable dans les travaux de construction par rapport aux délais prévus. Sept ans après, on cherche toujours des subterfuges pour justifier les lenteurs qu'on impute à tort ou à raison au circuit bancaire. Actuellement, le taux d'avancement des travaux a atteint plus de 90%. Et tout porte à croire qu'avec le rythme actuel du suivi, le chantier du futur centre anticancer, intégré au CHU, ne sera pas réceptionné au cours de l'année en cours. Conçu comme une structure multidisciplinaire spécialisée en cancérologie, le CAC qui a bénéficié à plusieurs reprises de rajouts financiers dont le dernier est de 10 millions de dinars au titre du parachèvement des travaux, est en mesure de recevoir 3 000 nouveaux patients pour l'oncologie médicale et la radiothérapie dans ses trois spécialités: la radiothérapie transcutanée, la curiethérapie et la radiothérapie métabolique. En matière d'hospitalisation, ce centre est doté de 150 lits. Financé par des fonds saoudiens, cette infrastructure hospitalière a connu le passage de pas moins de trois directeurs généraux de CHU et deux directeurs de la santé. Selon une source proche du projet, «l'enveloppe financière dédiée à l'acquisition des équipements de haute technologie nécessaires pour la mise en exploitation de ce centre aiguise les appétits de ceux qui ont la charge d'assurer l'acquisition. C'est une affaire de centaines de milliards de dinars, qui nourrit une lutte sans merci à haut niveau bloquant ainsi l'opération d'équipement». La déception des cancéreux de la région de Annaba est perceptible, plusieurs d'entre eux qui avaient vécu en 2006 l'annonce du lancement du projet ne sont plus actuellement parmi les vivants. Accompagné du Pr. Kadi Abdelkrim, recteur de l'université de Annaba, le Pr Kamel Bouzid, chef de service oncologie médicale au centre Pierre et Marie Curie d'Alger a visité la semaine dernière le chantier du CAC, en marge de la soutenance d'une thèse de doctorat en oncologie. Il n'a pas caché sa déception de voir cette infrastructure hospitalière non exploitée sept ans après, alors que l'Algérie enregistre quotidiennement des décès générés par cette maladie ravageuse. En attendant la fin des luttes d'intérêts au grand dam des cancéreux, les patients des wilayas de l'extrême Est du pays seront toujours obligés de se déplacer à Constantine, voire à Alger, dans des structures de soins souvent encombrées par le nombre croissant de malades. Pis encore, le manque de médicaments repousse les rendez-vous à des périodes allant jusqu'à 6 mois voire plus. La majorité des malades décèdent avant le deuxième rendez-vous.