Le centre anticancer d'Annaba accuse un sérieux retard dans sa livraison, ce qui pénalise des milliers de cancéreux qui vivent une situation dramatique. Ce projet était initialement prévu pour être livré au mois de juin 2008, après 24 mois de délai de réalisation. Les travaux de la structure sont actuellement achevés, un bâtiment situé à proximité de l'hôpital Ibn Rochd du CHU Annaba. Par contre, l'acquisition des équipements qui est un matériel de technologie de pointe, ne serait pas encore entamé. Selon certaines indiscrétions, l'avis d'appel d'offres international, une procédure nécessaire pour l'acquisition de ces équipements, ne serait pas encore lancé, ce qui suppose que le retard sera encore accumulé. Pourtant, les responsables en charge du projet financé par le fonds saoudien de développement ont à plusieurs reprises promis sa prochaine mise en service. Certes, la réalisation du CAC a connu quelques turbulences, notamment en 2008 lorsque l'entreprise chinoise chargée de la réalisation a suspendu durant trois mois les travaux. Il a fallu l'intervention du ministre de la Santé de l'époque, en visite d'inspection, pour que tout rentre dans l'ordre. Annoncé en grande pompe pour son importance, le CAC est conçu pour traiter quelque 3000 malades d'un large bassin de population des wilayas de l'Est du pays. L'établissement sera doté de 4 sous-unités : oncologie médicale, radiothérapie externe transcutanée, radiothérapie métabolique qui relève de la médecine nucléaire et enfin l'unité curiethérapie. Il comptera 150 lits et aura essentiellement pour mission de traiter et d'effectuer des opérations de dépistage précoce dans le cadre de la prévention de cette pathologie qui ne cesse de se développer. En l'absence de statistiques fiables, ils seraient, selon certaines sources, quelque 3000 cancéreux dans la région d'Annaba et près de 50 000 à travers les six wilayas de l'extrême nord-est du pays. Ces patients, qui vivent dans la détresse, continuent à broyer du noir en attendant l'inauguration de cette structure vitale. Ils sont souvent ballottés entre les différentes structures sanitaires du CHU Annaba. D'autres cancéreux sont las d'effectuer de longs déplacements récurrents et coûteux vers les centres déjà submergés de Constantine, Alger ou même d'Ouargla pour le traitement chimiothérapique. D'après un membre actif d'une association d'aide aux cancéreux, «nous savons que le taux de prévalence est en croissance exponentielle, notamment chez les femmes. Les cas de cancer du sein et de l'utérus évoluent d'année en année. Une véritable politique de prévention par un dépistage précoce pourrait limiter les dégâts», affirme notre interlocuteur. Ainsi, la réalisation du centre anticancer donnera espoir à des dizaines de malades qui souffrent en silence et qui ont le droit de vivre. Des chiffres effarants révèlent que 47 000 nouveaux cancers sont diagnostiqués chaque année en Algérie et 80% des malades meurent avant le premier rendez-vous de radiothérapie.